L'art aborigène sur le toit et les plafonds

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Une œuvre aborigène sur le toit du musée...

Stéphane Martin, président du musée du...

1:53 min

Découvrez l'œuvre de Lena Nyadbi en vidéo

À l'occasion de l'inauguration de l'œuvre de Lena Nyadbi, une équipe de Cinétévé a suivi les étapes de l'installation, à la rencontre des différents acteurs impliqués, des premières esquisses à l'installation du détail de Dayiwul Lirlmim sur le toit du musée.

Découvrez ce film en intégralité sur Medici.tv, ainsi que des extraits dans une playlist dédiée sur la chaîne YouTube du musée.

Sur les plafonds du bâtiment Université

Intégrant cette démarche dans le concept architectural du musée, Jean Nouvel a eu l’idée de présenter l’art aborigène australien par le biais d’installations artistiques sur les plafonds et la façade du bâtiment de la rue de l’Université. Soucieux d’allier découverte artistique et exigence, le musée du quai Branly - Jacques Chirac ainsi que les institutions australiennes ont accueilli avec enthousiasme ce projet et ont souhaité aller plus loin en choisissant de faire intervenir 8 artistes : 4 femmes (Lena Nyadbi, Judy Watson, Gulumbu Yunupingu, Ningura Napurrula) et 4 hommes (John Mawurndjul, Paddy Nyunkuny Bedford, Michael Riley, Tommy Watson) appartenant à des communautés et cultures différentes (art des territoires et Urban art). Chacun est l’héritier de cet art millénaire transformé qui trouve aujourd’hui sa place dans les mouvements d’art contemporain. Les plafonds peints et la façade du musée du quai Branly - Jacques Chirac témoignent de la vitalité de la créativité contemporaine aborigène et participent à la valorisation du grand héritage spirituel de ce peuple millénaire.

 Sur le toit de la médiathèque, bâtiment Musée

Inaugurée le 6 juin 2013 sur les 700 m² de la terrasse de la médiathèque du musée, cette œuvre monumentale est un détail du tableau Dayiwul Lirlmim ("Écailles de barramundi") de Lena Nyadbi. Concept original et inédit, elle n'est pas visible depuis le musée, mais par les 7 millions de visiteurs qui gravissent chaque année la tour Eiffel et, prochainement, par les utilisateurs de Google Maps. Elle a été réalisée à l’aide de 172 pochoirs de 3 m x 1,5 m, soit un coefficient d’agrandissement de 46.

Lena Nyadbi, une artiste majeure de l’art aborigène contemporain

L’artiste Lena Nyadbi, du peuple Gija, est née vers 1936 à Walmanjikulum dans l’Est du Kimberley, en Australie occidentale. Elle débute sa carrière artistique en 1998 et est aujourd’hui représentée par le Warmun Art Centre, institution culturelle qui réunit les artistes de la communauté aborigène de Warmun (Turkey Creek). Elle a appris à peindre auprès de cette  génération pionnière d’artistes aborigènes à laquelle elle appartient, avec notamment Paddy Jaminji, Queenie McKenzie et Rover Thomas. Elle peint toujours avec des ocres et du charbon naturels provenant du territoire Gija.  

Son interprétation audacieuse des motifs traditionnels, qui est devenue la marque distinctive de son travail, a immédiatement été remarquée pour sa maîtrise plastique et sa créativité. Dans l’art de Lena Nyadbi, les motifs clefs qui font référence à son territoire sont une plateforme pour ses expérimentations avec la couleur et l’espace. Représentées en groupements ou individuellement, les références symboliques au barramundi ancestral Dayiwul (poisson de l’espèce de la perche représenté par ses écailles en forme de U), aux jimbirla (pointes de lance) et aux gemerre (scarifications), prédominent.

Lena Nyadbi est l’une des représentantes majeures de l’art aborigène contemporain de l’Est du Kimberley. L’œuvre sur le toit de la médiathèque est la seconde conçue par Lena Nyadbi pour le musée du quai Branly - Jacques Chirac, après l’œuvre intitulée Jimbirla & Gemerre (pointe de lance et scarification), modelage réalisé sur la façade du bâtiment de la rue de l’Université.

Le Rêve des écailles du barramundi

Le Dayiwul Lirlmim Ngarrangarni, littéralement "Rêve des écailles du barramundi" est lié au territoire des parents de Lena Nyadbi, le territoire du barramundi ancestral Dayiwul, sur lequel se trouve la plus grande mine de diamants du monde. 

Le "Rêve des écailles du barramundi" raconte l’histoire mythique où trois femmes essayèrent d’attraper le barramundi Dayiwul à l’aide d’une nasse en spiniflex. Elles le poursuivirent jusque dans les hauts-fonds de la rivière mais il réussit encore à s’échapper en sautant par-dessus la nasse et en s’enfuyant à travers les rochers. Lorsqu’il retomba, ses écailles s’éparpillèrent sur le sol à l’emplacement actuel de la mine. Lena Nyadbi a souvent souligné la ressemblance des écailles et des diamants.