Gradhiva n°7

Le possédé spectaculaire. Possession, théâtre et globalisation

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Le possédé spectaculaire. Possession, théâtre et globalisation

Printemps 2008

Dossier coordonné et présenté par Erwan Dianteill et Bertrand Hell

Le possédé est-il un comédien ou un fou ? Telle est l’alternative qu’ont tenté de dépasser en leur temps Roger Bastide, Michel Leiris et Alfred Métraux. Ces trois anthropologues rejettent en effet l’approche psychiatrique de la possession où la transe est conçue comme un état psychopathologique ou une libération incontrôlée de pulsions ; ils acceptent en revanche à différents degrés l’aspect joué de la possession. Dès 1938, Leiris anticipe les développements sur le « vestiaire de personnalités » qui aboutissent à la publication de La possession et ses aspects théâtraux chez les Éthiopiens de Gondar. Bastide plaide plutôt pour la vérité de la possession – qui peut être authentique sans être pathologique – dans son ouvrage sur Le Candomblé de Bahia. Le jeu d’acteur est pour lui plutôt un signe de dégénérescence que de vitalité religieuse. Quant à Métraux, auteur d’un grand ouvrage sur Le Vaudou haïtien, il tangue entre l’empathie qui porte à ajouter crédit à la réalité de la possession et l’ironie voltairienne qui n’y voit qu’une supercherie.

On peut aujourd’hui reprendre ce débat en des termes nouveaux pour au moins deux raisons. La première est d’ordre épistémologique, les sciences sociales d’aujourd’hui n’étant plus celles des années 1950 : les données ethnographiques sont plus abondantes, les théories se sont renouvelées et de nouveaux courants sont apparus et se sont développés récemment, en particulier les approches cognitives, pragmatiques, les gender studies, les performance studies ainsi que la théorie littéraire. La deuxième raison est liée aux transformations du monde contemporain auxquelles n’échappent pas les cultes de possession. La mise en spectacle, la marchandisation de la culture, l’accélération et la généralisation de la communication électronique sont des processus qui caractérisent la surmodernité et qui ont des effets notables sur l’endorcisme rituel. On se propose ainsi de revisiter l’anthropologie de la possession en différents lieux : à Mayotte, au Brésil, au Maroc et en Argentine. On verra que la possession y devient parfois un spectacle global.

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Sommaire

DOSSIER : LE POSSÉDÉ SPECTACULAIRE. POSSESSION, THÉÂTRE ET GLOBALISATION 

  • Introduction, par Erwan Dianteill et Bertrand Hell
  • Négocier avec les esprits tromba à Mayotte. Retour sur le « théâtre vécu » de la possession, par Bertrand Hell
  • Le caboclo surmoderne. Globalisation, possession et théâtre dans un temple d’Umbanda à Fortaleza (Brésil), par Erwan Dianteill
  • Une transe dénaturée ? Cultes de possession afro-brésiliens à Buenos Aires, par Maïra Muchnik
  • The Festive Sacred and the Fetish of Trance. Performing the Sacred at the Essaouira Gnawa Festival of World Music, par Déborah Kapchan

DOCUMENTS ET MATÉRIAUX

  • Réponse de Roger Bastide à Michel Leiris (1958)

ÉTUDES ET ESSAIS

  • Une ethnographie ratée. Le modernisme brésilien, le département de Culture de São Paulo et la Missão de Pesquisas Folclóricas, par Fernando Giobellina Brumana
  • Les temples de la Mère Inde, musées de la nation, par Mathieu Claveyrolas
  • Trois destinées, un destin. Biographie d’une coiffure kwakwaka’wakw, par Marie Mauzé
  • La collecte comme iconoclasme. La London Missionary Society en Océanie, par Steven Hooper
  • Yves Laloy.Un dialogue entre primitivisme et surréalisme, par Suzanne Duco

CHRONIQUE SCIENTIFIQUE

  • L’exposition Animal au musée Dapper. Entretien avec Christiane Falgayrettes-Leveau, directrice
  • Compte rendu de l’exposition, par Erwan Dianteill
  • Note critique : L’art yup’ik au musée du quai Branly - Jacques Chirac. Trois masques de la collection Robert Lebel, par Gwenaële Guigon et Marie Mauzé.

Comptes rendus

Descriptif

  • 176 pages au format 20 x 27 cm 
  • 140 illustrations
  • ISBN : 978-2-915133-86-8
  • 18 €