Volume tatoué
Objet
- Classification : Objet
- Créateur : Xed LeHead ;
- Géographie : Europe – Europe septentrionale – Royaume-Uni ; Niveaux – continent – sous-continent – Indeterminé – Niveaux – continent – sous-continent – Indeterminé
- Culture : -
- Date : 2013
- Matériaux et techniques : encre sur silicone
- Dimensions et poids : 70 x 15 x 20 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2017.26.3
Description
Né en 1967, Xed LeHead débute le tatouage à treize ans dans la région du South London où il grandit et où il apprend auprès des enfants Gitans fréquentant la même école que lui comment attacher trois aiguilles à une boule de coton, sur un stylo Bic. L’utilisation de ce type d’outil rudimentaire déterminera sa façon de tatouer, piquant point après point. En 1990, tandis qu’il rencontre le tatoueur anglais Alex Binnie et se livre à des performances de fakirisme au sein du collectif The Wildcat Fakirshow, il essaie sa première machine rotative, mais continue malgré tout à piquer point par point : « car c’était alors tout ce que je connaissais. J’étais très pauvre, très libre, je n’avais aucune connaissance en art, je tricotais à partir du style tribal qui faisait fureur à l’époque, en ne cessant d’expérimenter en termes de placement et d’équilibre sur le corps. J’ai toujours utilisé les outils disponibles autour de moi, tirant le meilleur de ce qui était à portée de main, en recyclant, réutilisant, en customisant. » Après avoir fait la connaissance de PK alias Myoshka, en quête du « motif parfait », Xed LeHead explore alors les possibilités offertes par l’informatique lui permettant d’affiner la méticulosité de ses agencements géométriques… N’ayant suivi aucun apprentissage, son style, dissident et innovant, s’est distingué par la mise au point d’une technique complexe appelée dotwork – ou “travail du point”, soit une technique pointilliste appliquée au tatouage. Il est la figure de proue de cette école stylistique contemporaine de tatouage, genre maintenant nourri par la pratique de nombreux tatoueurs de par le monde. Son nom de tatoueur est également son nom civil légal (le « X » est le marquage précis d’un lieu : celui de sa créativité ; LeHead désigne les paradis artificiels dont l’artiste fut friand dans sa jeunesse). De janvier 2009 jusqu’à maintenant, il a travaillé dans son studio de Divine Canvas à Londres où il a entre autres tatoué les célèbres artistes de sideshow Lucky Rich Diamond et Matt Gone. Après une longue période de maladie, il se remet doucement, et tatoue le plus souvent chez lui. Anne & Julien
Usage
Depuis le début des années 2000, après une blessure lui interdisant de travailler à la main, Xed LeHead tatoue essentiellement à la machine électrique, avec la technique qui le caractérise. Tandis qu’il considère chaque tatouage sur chaque personne et chaque corps, en tant que pièce inédite, son travail veut embrasser ce qu’il nomme : « les ondulations du soi comme un tout, incluant l’esprit, le corps et l’âme ». Obsédé par cette recherche artistique aux accents mystiques, il reste obsédé par le fait d’encrer la peau presque sans perturbation, alors que la machine électrique « agit comme un bateau à moteur qui déchire la peau ». Utilisant le genre néo-tribal en tant que moteur esthétique, et non comme source d’inspiration stylistique ou historique, il applique à ses motifs géométriques une logique mathématique quasi religieuse. Et tient à distance tout ce qui pourrait créer un rapprochement entre sa vision et des critères ethnographiques : « Ma croisade ne consiste pas à réintroduire d’anciennes techniques de tatouage, je suis bien plus intéressé par la scène contemporaine. » La pièce ici présentée a été réalisée tandis que l’artiste, en deuil de ses deux parents (père et mère), refusait de se nourrir. Entièrement concentré sur son œuvre, il s’enferma durant des jours entiers pour mener à bien sa réalisation. Selon l’artiste, cette pièce a été pensée pour devenir le travail le plus spectaculaire jamais réalisé de sa part. C’est aussi la première fois qu’il utilise les encres fluorescentes sur une aussi grande surface. « Cette pièce présente une géométrie très complexe enveloppant le bras sans aucune rupture dans le motif. Plusieurs jours ont été nécessaires pour seulement créer le stencil, c’est en ce sens la préparation la plus complexe et la plus longue que je connaisse liée à mon travail. Cela a exigé toute mon attention. Ce travail est composé de deux couches de géométrie, agencée d’une manière inédite, et la première couche devait être tatouée intégralement avant que je puisse entamer la seconde. Étant donné que le bras n'est pas une matière vivante, cela m’a offert des libertés que je n'ai pas encore expérimentées. » (interview tirée du livre HEY! Tattoo, de Anne & julien et Zoé Forget, Ed. Ankama/619, 2014). La pièce est une digression d’un motif dont l’existence, estimée à 3000 ans, est identifiée tout le long de la route de la soie en Inde, au Tibet, en Chine et au Japon : la Swastika. L’artiste l’a choisi pour son caractère sacré et les infinies possibilités qu’elle propose. Pour sa pièce, il a utilisé une machine à rotative qu’il a fabriquée lui-même (personal handmade tattoo machine, différente de la traditionnelle à bobines) - plus précise et difficile à contrôler pour les travaux spécifiques extrêmement détaillés. L’encre noire utilisée est de Chine Talens. Pour le rouge UV, il s'agit d'encre de dessin convertie pour le tatouage par la société Waverley.Anne & Julien