Volume tatoué
Objet
- Classification : Objet
- Créateur : Leo Zulueta ;
- Géographie : Amérique – Amérique du Nord – États-Unis ; Niveaux – continent – sous-continent – Indeterminé – Niveaux – continent – sous-continent – Indeterminé
- Culture : -
- Date : 2013
- Matériaux et techniques : encre sur silicone
- Dimensions et poids : 89 x 50 x 15 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2017.26.5
Description
Sous l’impulsion de Ed Hardy, Leo Zulueta est le premier tatoueur du 20e siècle à baser l’entièreté de son style sur des symboles et motifs abstraits, à l’encre exclusivement noire. Aussi nommé « style pré-technologique » ou « black graphic » par le maître tatoueur et théoricien Cliff Raven, l’option artistique proposée par Zulueta ajoute désormais au répertoire du tatouage contemporain. Loin de vouloir reproduire à l’identique les signes des cultures qu’il observe et respecte, ses travaux de re-création(s) veulent témoigner du désir de revitaliser ce qui semble, aux yeux du tatoueur, menacé de disparition. « Je suis fermement déterminé à préserver ces anciens motifs : en plus d’être un art original, ils pourraient contenir des talismans pour le futur, ou bien encoder un savoir cryptique qui pourrait être utile ou éclairant d’une manière ou d’une autre – qui sait ? ». Le style de Leo Zulueta a d’abord été nourri des recherches entamées à l’aube des années 1960 par les observations des tatoueurs historiques tels que Cliff Raven, Dan Thome, Thom de Vita, Roger Ingertin, Mike Malone, Kandi Everett et Lance McLain. Cliff Raven affirmait : « les motifs réduits à des éléments primaires peuvent être un challenge bien plus grand que de pauvres compositions cachant une faiblesse structurelle inhérente sous la surabondance d’un glaçage visuel. » La pièce dorsale est ici inspirée du tatouage traditionnel des îles Carolines en Micronésie. Elle représente un des motifs emblématiques ayant présenté au monde le travail « de reconstitution » de son auteur. Choix et geste symbolique pour Leo Zulueta, elle est aussi le tatouage qu’il porte lui-même dans le dos. Exécutée par Ed Hardy, débutée en 1982 et achevée en 1983, cette pièce avait nécessité plus de sept sessions de tatouage. On peut résumer la direction artistique du travail Leo Zulueta à la fameuse citation de Cliff Raven : « Comparez le lion terne au spectaculaire tigre ; comparez l’agent de change néo-zélandais d’âge moyen et le fier chef Maori. Le tatouage parfait, celui pour lequel, je crois, nous nous battons tous, est celui qui transforme le crétin en zèbre. » » (extrait d’interview tirée de Tattootime – New Tribalism - article « Thoughts on pre-technological tattooing » de Cliff Raven)« Je crois qu’il existe un forte dose de spiritualité derrière nombre de ces motifs tribaux, bien que cela ne soit pas forcément tout de suite lisible. Les motifs impliquent une cosmographie et un savoir des pouvoirs inhérents à la « nature » dont leurs initiateurs connaissent les vertus de manière bien plus intime que nous. Leur savoir n’était pas écrit sous une forme encyclopédique. Ils sont le résidu qu’il nous reste : des symboles de leur compréhension des interrelations, causes et effets dans la nature. Mais les symboles fonctionnent en stimulant des correspondances et des connexions chez celui qui regarde - et, en ce qui concerne le tatouage, chez celui qui le porte. C’est un processus cumulatif qui peut être instructif et donc très bénéfique… même si nous ne comprenons jamais totalement la signification « originale » du symbole ou du motif en question. Qui sait – peut-être que le sens peut apparaître dans un rêve ! » (extrait d’interview, Modern Primitives, par V. Vale, pp. 96-100)Anne & Julien
Usage
Né en 1952 dans le Maryland, cet Américain d’origine Philippine, issu d’une famille catholique stricte, a grandi à Hawaii où il a pu observer sur la population âgée toutes sortes de tatouages « primitifs » (Marquisiens, Samoans, Micronésiens). Après avoir étudié l’artisanat au San Diego State College de 1970 à 1972, ayant toujours dessiné « sans être assez discipliné pour vraiment apprendre le dessin », fasciné par l’art amérindien, il se destine à la création de bijoux et meubles. Mais après avoir obtenu son premier tatouage par Mike « Rollo » Malone en 1974 à Hawaii Tatouages (ex studio de Sailor Jerry), il quitte le lycée pour devenir surfeur, puis intégrer la scène punk locale avant de déménager dans la Baie de San Francisco quelques années plus tard. C’est après avoir lu un article dans le magazine de Francis Ford Coppola City Magazine sur Ed Hardy et Realistic Studio qu’il part à la rencontre de ce dernier lors d’une convention à Oakland. Tandis que Leo Zulueta collectionne depuis le début des années 70 entre autres les National Geographic Magazines pour leur riche documentation sur le tatouage ethnologique, Ed Hardy n’aura de cesse de l’encourager à approfondir ses connaissances sur l’Océanie et la Micronésie, pour le persuader de devenir tatoueur . En 1981, Leo Zulueta se lance, tatoue ses amis chez Ed Hardy (Realistic Studio), puis chez Dean Dennis aux côtés de Chuck Eldridge, et travaille chez Mike « Rollo » Malone dès 1985. En 1992, il fonde Black Wave Tattoo à Los Angeles, qu’il revendra en 2000. Si son mentor Ed Hardy, co-créateur du concept historique de New Tribalism, a introduit les visions et factures japonaises traditionnelles dans le tatouage Américain, Léo Zulueta fait quant à lui figure de pionnier dans le domaine du tatouage néo-tribal : il est considéré comme le « père du tatouage tribal contemporain » ou « modern tribalism ». Depuis 2003, il travaille dans son studio Spiral Tattoo à Ann Arbor, en compagnie de sa compagne Dianne Mansfeld (tatoueuse et photographe). Le GRAM (Grand Rapids Art Museum, dans le Michigan) lui consacre sa première exposition solo de février à août 2017 : « Black Waves : The Tattoo Art of Leo Zulueta », rassemblant documentation personnelle, dessins et flashes de l’artiste. Anne & Julien