Crochet
Objet
- Classification : Objet
- Nom vernaculaire : samban
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – East Sepik (province) – Sepik (fleuve) – Moyen Sepik
- Culture : Océanie – Iatmul ; Océanie – Sawos
- Date : 19e siècle
- Matériaux et techniques : Bois, pigments, surmodelage, coquillages, cheveux, vannerie, fibres végétales.
- Dimensions et poids : 126 x 41 x 30 cm
- Ancienne collection : Arthur Max Heinrich Speyer II ;
- Exposé : Oui
- Numéro d'inventaire : 70.2011.15.1
Description
Personnage féminin sculpté en bois reposant sur un support en forme de crochet. La tête et le haut du torse sont couverts d'un surmodelage de terre et d'huile.Le sommet de la tête et le sexe comportent des cheveux. Les yeux sont faits d'une section de coquillage.Le haut du corps de ce personnage en pied, aux jambes fléchies, est couvert de scarifications. Son ventre bombé laisserait penser que la figure représentée est enceinte.
Usage
« Cette sculpture est un chef-d’œuvre de l’expression iatmul. Malgré le fait que la langue iatmul ne connaisse pas de dénomination pour ce que nous appelons art, cet objet, rare parmi les rares, est imprégné de notions esthétiques propres aux Iatmul, s’appuyant sur des formes canoniques comme sur des appréciations locales. La tête est couverte d’un surmodelage effectué avec du yimba, mélange de terre argileuse ou sableuse et de l’huile extraite du Campnosperma brevipetiolata ou C. coriacea, ou du latex extrait de l’arbre de pain (Artocarpus altilis). Selon la vision iatmul, la terre glaise et la sève d’arbre portent en eux les caractéristiques de la chair et du sang, éléments maternels indispensables aux humains et substances assurant symboliquement la présence des forces vitales féminines. Ces substances recouvrent la structure osseuse (ici le bois) qui marque la présence des forces vitales masculines. Ce surmodelage ajoute donc un élément à l’image que la sculpture sur bois ne pourrait jamais rendre. Les traits individualisés du visage n’ont rien de fortuit. Cette femme dégage un puissant charisme et, qui plus est, surveille tout ce qui se passe autour d’elle. Qui est-elle ?Les incisions sur son corps soulignent bien le caractère exceptionnel de la figure : ce sont des marques de scarification. Dans la vie réelle, les scarifications sont le signe du rapprochement des jeunes hommes initiés avec l’ancêtre clanique sous sa forme de crocodile. Dans la perspective iatmul, l’ancêtre primordial avale les initiés puis les rejette. Lors de cette ingurgitation, il laisse l’image de sa propre peau – sa couverture d’apparition - sous forme de motifs sur la peau des initiés. Pourtant, la figure représentée est féminine et, peut-être, comme certains le pensent, enceinte. Les scarifications indiquent qu’elle est à ranger parmi les ancêtres importants.Ce crochet avait sûrement sa place dans une maison cérémonielle des hommes. On y accrochait vraisemblablement au fil des jours un sac tressé rempli de galettes de sagou que les femmes mariées apportaient aux hommes réunis dans la maison cérémonielle. A chaque ancêtre clanique important, l’on présentait également des offrandes placées dans un autre petit sac suspendu au crochet. Malheureusement le collecteur de cette pièce n’a noté ni le nom du lieu, ni le nom du personnage représenté. De même, le nom du sculpteur, sans doute connu des hommes initiés du village au moment où le crochet fut installé dans la maison, perdu au cours des générations, ne nous a pas été transmis. »Kaufmann, Christian, 2006 in Peltier et Morin (ed.), 2006 - Ombres de Nouvelle Guinée. Genève: p. 404