Emeutes à Oran, Algérie
Objet
- Classification : Objet
- Peintre : Boris Taslitzky (1911 - 2005) ;
- Géographie : Afrique – Afrique septentrionale – Maghreb – Algérie – Oran (département) – Oran (ville)
- Culture : Afrique – Algérien
- Date : 1952
- Matériaux et techniques : huile sur toile
- Dimensions et poids : 114 x 147 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2019.1.1
Description
Un groupe de femmes algériennes, à gauche, manifeste sa colère. Elles sont vêtues du vêtement traditionnel, le haïk. L'une tient un drapeau, d'autres s'apprêtent à lancer des pierres. Dans la partie droite de la toile, un policier de dos leur fait face et soulève son fusil.
Usage
Boris Taslitzky étudie à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris à la fin des années 1920. Il adhère en 1935 au Parti Communiste français. Résistant pendant la seconde guerre mondiale, il est arrêté et déporté en juillet 1944 au camp de Buchenwald. Il y exécute quelques deux cents dessins. De retour à Paris, il poursuit son travail d'artiste engagé, se consacrant à des sujets sociaux et politiques. Sa toile "Riposte" (Londres, Tate modern), représentant le refus des dockers de Port-de-Bouc près de Marseille de charger en armement les navires en partance pour l'Indochine, est décrochée des cimaises du Salon d'automne en 1951. Boris Taslitzky est invité en 1952 par le parti communiste algérien à réaliser avec Mireille Glodek Miailhe un reportage en Algérie sur les conditions de vie de la population. Au cours de son séjour de six semaines en Algérie au début de l’année 1952, Boris Taslitzky représente dans une veine réaliste les conditions de vie difficile des Algériens et esquisse le portrait des participants aux réunions politiques. Une sélection des œuvres de Boris Taslitzky et de Mireille Glodek Miailhe est présentée en 1953 à Paris à la galerie André Weil.Au début des années 1950, des grèves éclatent de part et d’autre de la Méditerranée. Dockers français et algériens refusent de charger le matériel d’armement destiné à réprimer les luttes pour l’indépendance en Indochine. Boris Taslitzky témoigne de la situation observée à Oran : « Les dockers en grève se trouvaient en difficulté face à une police qui les agressaient sauvagement. Alertées, les femmes sortirent et descendirent sur le port pour leur porter secours et, au cours d’un combat violent, devant l’Orient stupéfait, les voiles s’écartèrent des visages que la coutume avait cachés… C’est la passion des femmes, marquant un pas important vers leur libération, à la fois nationale et sociale, fonçant vers l’avenir » . Boris Taslitzky saisit un instant de tension dramatique renforcée par les expressions et les gestes suspendus. Il représente cet événement contemporain en convoquant des références à l’histoire de la peinture, depuis Nicolas Poussin jusqu’à Eugène Delacroix.Cette toile, tout comme "Algérie 52" (inv. 70.2021.40.1) détaille une partie des motifs d'une oeuvre panoramique peinte par Boris Taslitzky, intitulée "Femmes à Oran" et conservée à la Galerie nationale hongroise à Budapest.