Masque
Peinture
- Type d'objet : Peinture
- Nom vernaculaire : Iavro
- Auteur : Eego de Ianbi ;
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – Sandaun (province) – Vanimo (district) – Amanab – Ianbi (village)
- Culture : Océanie – Kwomtari
- Date : avant 1974
- Matériaux et techniques : Gaine de cocotier, plumes de casoar, pigments : chaux de coquilles des rivières brûlés, charbon, rhizome de Curcuma, ocre ou peinture, latex d'arbre à pain
- Dimensions et poids : 148 x 37 x 5,5 cm, 1029 g
- Mission : Bernard Juillerat ; Précédente collection : Musée de l'Homme (Océanie) ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 71.1974.35.243
Description
Gaine de cocotier peinte sur ses deux faces et tendue sur une armature de baguettes. Des plumes noires de casoar entourent et surmontent la peinture. Peinture représentant au centre un lézard de l'espèce "uuve", incarnation d'un fantôme qui rendit malade le chasseur. C'est à ce dernier que le masque fut associé dans le rite. Au haut de la peinture, sont représentés les deux yeux (deux cercles) ainsi que les pattes (haut centre) du lézard. Au revers de ce motif, figurent les oeufs du lézard.
Usage
Généralités sur les masques "iavro"Les masques peints "iavro" (Cf. Fiche objet 974.35.241 à 250) sont constitués d'une armature de baguettes souples sur laquelle sont tendues deux gaines de cocotier, supports des peintures ; l'ensemble est surmonté de plumes de casoar. Les couleurs sont tirées de la chaux (coquillages des rivières brûlés) pour le blanc, de charbon de bois pour le noir, d'une herbe broyée ou du rhizome de Curcuma pour le jaune ; le rouge provenant traditionnellement de l'ocre rouge est souvent remplacé par une peinture manufacturée. Les surfaces sont préalablement enduites de latex d'arbre à pain. Les "iavro" sont dits "filles" des "rukagwa". Les masques "rukagwa", (Cf. Fiche objet 974.35.238 à 240), sans plumes, sont peints sur une spathe de sagoutier et n'ont qu'une face peinte. Les "rukagwa" sont dits "mère" des "iavro". Chaque motif, figuratif ou non, porte un nom qui est celui de l'animal, de l'arbre ou de l'élément humain représenté ou associé. Ces masques-peintures sont utilisés au cours d'une cérémonie unique, nommée également "iavro", qui a pour fonctions de guérir certains malades et de se concilier les divinités de la forêt. Elle est précédée d'une période d'une année au cours de laquelle les futurs porteurs de masques (plus particulièrement les néophytes) respectent des interdits alimentaires et sexuels et, chaque nuit, chantent sur l'aire centrale du village ; pendant cette période préliminaire, les masques "iavro" et "rukagwa" restent, encore sans motifs, dans une maison cérémonielle "iavro ito" interdites aux femmes, où dorment les futurs participants. La veille de la cérémonie, les motifs sont peints par quelques artistes qui recevront en échange de la nourriture et des anneaux de coquillage ; chaque masque est en outre attribué à un malade. Le motif représente la chose considérée comme l'origine du mal : animal chassé ou arbre abattu appartenant à un dieu sylvestre ou à un mort qui aurait alors sanctionné la faute par une maladie. On représente souvent aussi le sternum ou les côtes du mort pathogène, dont est issue l'une de ses "âmes" ou esprit des os. Ce diagnostic est préalablement établi après un rêve. Les malades ne portent pas les masques, mais sont au centre de la place, tandis que les "iavro" tournent autour d'eux. Les porteurs ont le corps peint en noir et portent un long étui pénien en calebasse et une ceinture d'os de roussette, de graines de sagoutier et de perles malaises (Cf. Fiche objet 974.35.124, 125) ; par une démarche appropriée, ils font en sorte que cet étui vienne frapper la ceinture située sur leur estomac. Ce rythme sonore accompagne la musique de quatre trompes en bambou, "suie" (Cf. Fiche objet 974.35.214, 215), dont deux plus fines et "masculines" sont traversières, tandis que les deux autres, plus grosses et "féminines", sont terminales (jouées par l'embouchure). Ces trompes sont jouées dans une enceinte rituelle hors de la vue des femmes et des enfants : leur "voix" est celle des divinités de la forêt auxquelles le rite est dédié. La cérémonie terminée, les masques sont laissés dans la maison rituelle jusqu'à ce que celle-ci s'écroule un ou deux ans plus tard. Les masques sont alors abandonnés en forêt. La cérémonie "iavro" est effectuée environ une fois par an, chaque fois dans un village différent. Elle serait originaire de la région de Idai, au nord des Kwomtari. Elle existe également chez les Amanab orientaux, sous le nom de "wongu".