Provenances des collections

Contenu

Les collections conservées au musée du quai Branly - Jacques Chirac sont des collections nationales et appartiennent à l'État. Le musée mène depuis sa création des recherches sur l’histoire des collections qu'il conserve.

Le questionnement de l’héritage colonial et les demandes de restitution de biens culturels aux pays ou communautés d’origine ouvrent des perspectives nouvelles à cette mission menée dans une logique de transparence à travers des partenariats scientifiques avec les pays et communautés d'origine.

La politique de recherche sur l’histoire des collections

La recherche de provenances et la documentation des collections figurent parmi les priorités de la politique scientifique et culturelle du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Des projets de recherche pluridisciplinaires et des partenariats pluri-institutionnels sont menés avec les équipes scientifiques des pays d’origine et les communautés autochtones pour éclairer l’histoire commune des collections. Cette démarche de transparence s'inscrit dans la politique de coopération du musée. En savoir plus sur la coopération internationale du musée.

Pour mettre en oeuvre sa politique de recherche sur l’histoire des collections, le musée dispose de deux postes permanents de spécialistes de recherches de provenance auxquels il convient d’ajouter un poste consacré à la documentation de l’histoire des collections. Par ailleurs, les équipes scientifiques ainsi que des chercheurs et stagiaires accueillis au sein de l’institution sont régulièrement mis à contribution sur ces chantiers. Enfin, l’institution établit des partenariats avec des laboratoires de recherche, des universités et d’autres musées de France conservant des oeuvres provenant d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et des Amériques.

Plusieurs projets pluriannuels ont enrichi la connaissance sur l’origine des oeuvres et des collections :

  • Le projet européen Nexus 1492 « New World Encounters in a Globalizing World », portant sur les ressources archivistiques en rapport avec les collections américaines (en 2014-2017),
  • Le projet « SAWA : Savoirs autochtones wayana et apalaï : Une nouvelle approche de la restitution et ses implications sur les formes de transmission » dans le cadre du LabEX « Les passés dans le présent ». Initié par la communauté Wayana et Apalaï d’Amérique du Sud, il a été conduit conjointement avec des équipes du CNRS et du musée. Cette collaboration avec les porteurs de savoirs d’une culture amérindienne de Guyane, du Suriname et du Brésil, a permis de documenter l’une des plus importantes collections conservées au monde et de rendre accessible ce patrimoine aux jeunes générations.
  • Le projet « CRoyAN, Collections Royales d’Amérique du Nord », entamé en 2019 et financé en partie par la Fondation des Sciences du Patrimoine et par la Terra Foundation for American Art, vise à mieux connaître l’origine et la trajectoire des 450 objets collectés entre 1650 et 1850 dans les régions des Plaines et des Grands Lacs, situés dans les territoires actuels du Canada et des États-Unis. Il s’agit d’une collection exceptionnelle pour la connaissance des nations autochtones habitant ces régions, ainsi que pour mieux comprendre leurs relations avec les Européens à partir du XVIIe siècle. Le travail collaboratif se poursuit avec les communautés Huron-Wendat du Québec et Choctaw des États-Unis (Oklahoma).

Quelques exemples de projets

Projet Sawa

Watau, eitoponpë ehema, les chemins de la mémoire

En savoir plus

Priorités & critères de recherche pour les collections acquises pendant la période coloniale

Le musée est engagé dans un chantier documentaire spécifiquement dédié à la provenance des collections constituées pendant la période coloniale. Ce chantier vise à retracer l’itinéraire des oeuvres depuis leur contexte d’usage et d’acquisition jusqu’à leur entrée dans les collections nationales.

Des priorités de recherche ont été fixées pour un corpus d’oeuvres relevant de butins de guerre, de confiscations coloniales ou de vols avérés. Plusieurs critères d’évaluation ont été établis :

  • l’illégalité, s’il existe un doute sur la légalité de l’acquisition au regard des lois en vigueur à l’époque ;
  • l’illégitimité, s’il existe un doute sur la légitimité de l’acquisition (pour les biens pris sans le consentement du propriétaire, par la violence ou sous la contrainte) ;
  • la préexistence d’une demande de retour ou de restitution.

La définition des critères permettant d’identifier le corpus s’appuie sur les travaux de musées européens qui ont engagé des démarches identiques.

  • Le projet de recherche « Mission Dakar Djibouti, contre-enquêtes » réunit de nombreux partenaires d’institutions françaises et de professionnels africains ainsi que de communautés, détenteurs de savoirs dans les localités d’origine. Cette mission scientifique, l’une des plus marquantes de la collecte en contexte colonial, a duré 21 mois de 1931 à 1933 et collecté plus de 3 000 objets, des milliers de photographies et d’enregistrements sonores. Ces travaux permettront de réexaminer l’histoire et les circonstances de cette mission pluridisciplinaire dont le détail nous est parvenu grâce à de nombreuses archives et au témoignage de Michel Leiris dans L’Afrique fantôme (1934).
  • Avec la collaboration du Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire, un partenariat scientifique est engagé autour de l’histoire et de la conservation-restauration du tambour parleur du peuple Atchan, confisqué en 1916 par les autorités coloniales françaises et demandé officiellement en restitution par la République de Côte d’Ivoire.
  • Un projet de recherche pluri-institutionnel a été engagé sur le « Trésor de Ségou » pris par le général Louis Archinard à Ségou (au Mali) le 6 avril 1890. Il réunit, outre le musée du quai Branly – Jacques Chirac, le musée de l’Armée et le muséum d’histoire naturelle du Havre, la Bibliothèque nationale de France, le musée national du Mali et le musée des civilisations noires du Sénégal.

En savoir plus

Quelques exemples de recherches en cours :

Les dispositifs « Résidence culture » et « Parcours de collections », financés par le ministère de la Culture, permettent à des professionnels de musées de réaliser un séjour d’étude pour une durée d’un à trois mois. C’est l’occasion d’un travail commun pour renseigner les collections et enrichir la base de données, affiner les informations  sur l’usage ou la provenance historique des objets. Une vingtaine de professionnels de la culture, directeurs ou conservateurs de musées, ont été accueillis au musée depuis 2013.

  • Le Thi Than Phuong sur les collections du Vietnam (2013),
  • Pépé Séverin Thea sur les collections de la Guinée Conakry (2015),
  • Francis Gnoleba Tagro sur les archives du fonds Bohumil Holassur la Côte d’Ivoire (2016 et 2019),
  • Erol Josué sur les collections haïtiennes (2017),
  • Kianoosh Motaghedi sur les collections iraniennes (2018),
  • Renata Curcio Valente sur les collections brésiliennes (2019),
  • Philippe Adoum Gariam sur les collections tchadiennes d’archéologie Sao (2021),
  • Mónica Obreque Guirrimán sur les collections mapuches du Chili (2022)
  • Daouda Keita sur les collections du Mali (2022).
  • Mame Thiaw Sene conservatrice au musée des civilisations noires, Dakar, Sénégal. (2023)
  • Francis Tagro directeur du musée des civilisations, Abidjan, Côte d’Ivoire. (2023)

L'accueil des chercheurs & professionnels étrangers

en savoir plus

sur les recherches sur l’histoire  des collections du musée

Ce livret a pour objet de dresser le bilan des recherches menées sur l’histoire des collections conservées au musée et d’en présenter les perspectives.

sur les biens culturels issus de contextes coloniaux conservés dans les collections publiques françaises

En partenariat avec le musée de l’Armée et avec la collaboration de nombreuses institutions, le musée a coordonné la rédaction d’un état des sources à destination des chercheurs sur les biens culturels issus de contextes coloniaux conservés dans les collections publiques françaises.

Sur les restitutions

Une page dédiée a pour objectif de répondre aux questions du public sur les demandes de restitution du patrimoine culturel africain.

sur l’histoire de certains objets présentés dans le musée 

Un parcours invite le visiteur à comprendre comment les œuvres conservées aujourd'hui au musée et qui appartiennent aux collections nationales sont arrivées en France. Il présente une sélection d'œuvres aux trajectoires variées, dont les parcours révèlent la complexité de l’histoire longue des relations entre l’Europe et les autres continents, du 15e siècle jusqu’à nos jours.

 

(Septembre 2023)