Pupitre d'orateur
Sculpture
- Type d'objet : Sculpture
- Géographie : Océanie – Mélanésie – Papouasie-Nouvelle-Guinée – East Sepik (province) – Sepik (fleuve) – Moyen Sepik
- Culture : Océanie – Iatmul
- Date : début du 20e siècle
- Matériaux et techniques : Bois, pigments, coquillages cauris (monetaria moneta)
- Dimensions et poids : 98 x 36 x 39 cm
- Donateur : Claude Vérité ;
- Ancienne collection : Pierre Vérité ; Ancienne collection : Claude Vérité ; Ancienne collection : Speyer ; Ancienne collection : Ernest Ascher ;
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2006.21.1
Description
Sculpture en bois, à base circulaire qui se prolonge par un axe vertical cylilndrique et se termine par un plateau circulaire. Le plateau circulaire supérieur est orné d'une tête humaine à nez se transformant en bec. Des bras sculptés au bas du visage reposent sur la base du pupitre. L'axe central sert de tronc au buste anthropomorphe. Des décors géométriques blancs rouges et noirs, en spirale ou volutes et lignes courbes décorent le visage, les bras et la base du pupitre. Deux coquillages cauris sont incrustés à l'emplacement des yeux du visage sculpté.
Usage
Le pupitre d'orateur fait partie des objets les plus importants conservés dans les maisons des hommes du moyen Sépik. Placé au rez-de-chaussée de la maison, il s'appuie contre le poteau central, zone réservée aux hommes de haut statut du clan. Communément appelé " tabouret d'orateur ", cet objet n'est pourtant en aucun cas un siège. Propriété du clan tout entier, il sert de support au discours ritualisé des hommes lors de débats concernant le village, les droits sur les terres et les noms claniques. Il est appelé par les Iatmul [kawa rigit] (siège des feuilles), en référence au fagot de feuilles que l'on frappe ou pose sur "l'assise " afin de rythmer ou d'appuyer son discours en public. Lors des initiations des jeunes garçons, l'objet et sa fonction étaient révélés aux impétrants. Autrefois, il était également " consulté " lorsqu'une expédition de chasse aux têtes s'annonçait. Cet exemple, sculpté d'un seul visage et non du corps tout entier d'un ancêtre prenait place dans les maisons des jeunes initiés, situées à proximité des grandes Maisons des Hommes. Là, les garçons acquéraient les savoirs fondamentaux, s’initiaient aux rituels et aux comportements des anciens.Le visage sculpté et peint représente l'ancêtre primordial du clan, dont la présence investit le tabouret lors des débats et des rituels (initiation) afin de rendre " puissants " les hommes comme la maison elle-même. Les motifs de volutes développés sur le front sont caractéristiques de l'art iatmul. Ils renverraient aux tourbillons ou aux mouvements des eaux du fleuve Sépik, qui peuvent être interprétés par les hommes comme une manifestation de la présence ancestrale. Ces motifs se retrouvent sur les peintures faciales des hommes dans les rituels, les masques, les sculptures et les crânes surmodelés des ancêtres conservés dans la maison des hommes. Le nez et la bouche de l'ancêtre se terminent en bec d'oiseau, dans un art de la transformation fréquent dans la région du Sépik. Les pieds du pupitre reposant sur un socle circulaire présentent également des signes zoomorphes (têtes d'oiseaux ?) et semblent former le buste de l'ancêtre. La calotte supérieure de la tête, sans décor, devait initialement être couverte d'une fourrure de marsupial ou de plumes de casoar. Des feuilles, des cheveux, des dents de cochon ou des coquillages pouvaient également orner le pupitre.