Volume tatoué sur un dos masculin figurant un masque de Hannya
Objet
- Type d'objet : Objet
- Artiste : Filip Leu ;
- Géographie : Europe – Europe occidentale – Suisse
- Date : 2018
- Matériaux et techniques : silicone et encre
- Dimensions et poids : 88 × 59,5 × 33 cm
- Exposé : Non
- Numéro d'inventaire : 70.2018.34.1
Description
Moulage en silicone d'un dos d'homme. La surface est ornée d'un motif tatoué inspiré de la tradition japonaise du théâtre nô : le masque de Hannya. Note d'intention du tatoueur :« J’ai choisi de faire – sur un dos – un motif de Hannya. Quand on regarde vingt dos tatoués mis côte à côte, le seul motif qui ressort reste le Hannya. La première fois que j’ai vu quelqu’un en porter un, j’ai été choqué : de près, ce n’est rien, seulement des aplats. Mais, plus on recule, plus il gagne en ampleur, c’est le seul dessin lisible de loin, le plus clair - c’est vraiment incroyable ! Il traduit parfaitement cette expression anglaise : « to be a face in the crowd » (« être le visage dans la foule »). À dix mètres, tous les autres tatouages ne sont plus que des « tableaux bleus ». De manière générale, en tatouage, le masque fonctionne très bien et particulièrement sur un dos : c’est animé sur le corps, le mouvement est on ne plus harmonieux ; de face, on peut le faire cligner de l’œil. Et de trois-quarts, les proportions restent appréciables, ce qui est rare. Aujourd’hui, malheureusement, beaucoup font des pièces réalistes ou hyperréalistes dans le dos : ce style ne convient jamais aux parties du corps qui sont facilement en mouvement. En Occident, nombreux sont les hommes blancs qui portent un Hannya sans en connaître la signification, ils le confondent avec une certaine évocation démoniaque. Au Japon, ce n’est pas un motif fréquemment tatoué, mais on peut en admirer un sur l’une des peaux magnifiques tatouées conservées à l’université de Médecine de Tokyo. Ce motif est historique. Et puis, je choisis ce motif pour des raisons personnelles. Quand je suis arrivé au Japon à dix-sept ans, j’ai été incroyablement influencé par le style japonais, et je reste aujourd’hui toujours totalement admiratif de ce style. Je suis amoureux de ce graphisme si pur, tellement puissant. J’ai réalisé plus tard qu’il est aussi puissant que le tribal (traditionnel) et le old school (américain). Il fait véritablement du corps un tableau, sans ambiguïté. Je porte moi-même un Hannya dans le dos, il fut tatoué par mon ami Autrichien Claus Fuhrmann : je désirais porter une image féminine, afin de provoquer l’idée du yin et yang - mais je ne voulais pas de fleurs ou de papillons, je cherchais une représentation plus forte. Le Hannya est une femme en crise d’hystérie. Lorsque j’ai compris son histoire, je me suis immédiatement décidé. »
Usage
Filip Leu est né en 1967 à Paris. Il vit et travaille en Suisse. Issu d’une famille de tatoueurs, il adopte un style aux confluents de l’art traditionnel japonais, du biomécanique et de l’iconographie du rock’n roll. Son exploration du tatouage traditionnel japonais débute dès les années 1980 durant lesquelles il se forme auprès des plus grands maîtres de la discipline, Horiyoshi II et III, Horikin et Horitoshi. Son niveau artistique et technique n’a que peu d’équivalent dans le monde.