Le musée du quai Branly – Jacques Chirac est dédié à la préservation et à la valorisation de la diversité des cultures humaines à travers le monde. Alors que la destruction des écosystèmes naturels menace la pérennité de nombreuses cultures – en Amazonie, en Afrique subsaharienne, dans les îles océaniennes, sur les territoires polaires… – le musée assume une responsabilité particulière en matière environnementale.
Dans le même esprit, en tant qu’établissement en charge d’une mission de service public culturel il endosse aussi une responsabilité sociale forte, à travers les objectifs d’inclusion, d’égal accès aux arts et aux savoirs, d’accessibilité au plus grand nombre et, plus largement, de lutte contre toutes les discriminations.
La programmation du musée reflète depuis son ouverture ces grands sujets contemporains : à travers par exemple l’exposition Océanie, les œuvres de Barthélémy Toguo, celle de Romuald Hazoumè dans l’exposition Ex Africa, l’installation « Dans la mémoire du monde » de l’artiste Philippe Echaroux, ou encore la programmation du Salon de lecture, de l’Université Populaire et du festival de cinéma Jean Rouch qui est accueilli en ses murs… Le musée ouvre des espaces de réflexion et porte les voix d’artistes et de scientifiques qui informent, interrogent et alertent sur les enjeux écologiques, sociaux et culturels de notre époque.
Pour ces raisons, les exigences de la durabilité, tant sur ses volets environnementaux que sociaux et sociétaux, irriguent l’ensemble des actions du musée à travers une politique globale toujours plus exigeante.
Un musée engagé pour l’environnement
Une démarche pragmatique et ambitieuse de décarbonation
Le musée a réalisé en 2023 son bilan carbone sur les trois scopes. À partir des résultats, dans une démarche de co-construction impliquant l’ensemble de ses services, un plan de décarbonation à la fois ambitieux et pragmatique a été défini.
Celui-ci repose sur trois piliers : engager, raisonner, réinventer, et se structure en neuf axes de travail opérationnels. Il intègre le cadre réglementaire auquel est soumis le musée, ainsi que les objectifs fixés par l’Etat dans son dispositif « Services publics écoresponsables ».
Ce plan de décarbonation s’inscrit dans la continuité d’une démarche amorcée dès 2014 par l’établissement : écoconception pionnière des expositions, recherche d’alternatives dans les champs de la restauration et de la conservation des œuvres, programmes de sensibilisation et de formation des équipes, etc., sont autant d’initiatives qui sont approfondies et complétées à partir des résultats du bilan carbone.
Retrouvez les résultats du bilan carbone et les grandes lignes du plan de décarbonation du musée :
Produire les expositions dans une logique d’éco-conception
Le musée a engagé dès 2014 un travail volontariste de réduction de l’empreinte environnementale de ses expositions. Cela se concrétise dans la conception presque systématique de deux expositions consécutives par une seule équipe scénographique, ce qui permet de réutiliser la quasi-totalité des mobiliers d’une exposition à l’autre.
Depuis 2020, le musée est accompagné par l’Agence des économies solidaires sur la « fin de vie » des expositions, là aussi dans l’idée de limiter le gaspillage des ressources. Pour l’exposition Sur la Route des chefferies du Cameroun. Du visible à l’invisible (2022) par exemple, le musée a travaillé avec l’association La Réserve des Arts, qui a été en mesure de reprendre les éléments de scénographie en vue de leur réemploi.
Pour l’exposition Kimono (2022-2023), ce paramètre a été intégré dès la phase de conception pour définir les modes de construction permettant un meilleur réemploi des mobiliers, et pour sourcer des entreprises capables de reprendre les éléments construits. Cette méthode a permis un taux de réemploi de 100 %.
Le musée a également fait l’acquisition d’un parc de vitrines pérennes, et travaille à la conception d’un prototype de cimaise réutilisable.
Depuis 2024, le musée fait partie du comité de pilotage du projet de conception d’une plateforme d’analyse et de calcul d’impact des expositions porté par Paris Musées, en partenariat avec Karbone Prod, Atemia et une dizaine de musées français.
Une recherche active d’alternatives pour la conservation et le transport des œuvres
Le musée porte plusieurs projets innovants visant à renouveler les pratiques de conservation et de transport des œuvres, et à trouver des alternatives vertueuses aux matériels et matériaux habituellement utilisés :
- Il est copilote du projet « Ca va cartonner ! » de conception d’une caisse en carton pour le stockage et le transport des œuvres, avec le C2RMF (le Centre de recherche et de restauration des musées de France) et la société de transport André Chenue ;
- Il mène avec le transporteur Hizkia la conception d’une caisse de conditionnement modulable et réutilisable pour les objets 3D ;
- Il mène des tests sur des matériaux biosourcés de calage et de rembourrage, en alternative aux mousses plastiques ;
- Il participe au projet porté par l’ICOM France « Prenons le contrôle du climat » d’étude des conditions climatiques de conservation des œuvres en vue de réduire les consommations d’énergie des musées.
Valoriser les déchets et matériaux
Le musée fait régulièrement don de matériels à d’autres institutions dont le Museum du Havre, le Musée des Confluences, le musée Fenaille, la maison Alexandra David-Neel, la bibliothèque de Versailles ou encore le MAH de Granville. En 2023 par exemple, un total de 23m3 de fournitures a ainsi été donné au musée Bargouin, au musée de Guérande, à la Cité de la Musique et au musée de l’APHP.
Dans cette même logique d’économie circulaire, le musée a élaboré un système de réemploi de ses caisses de transport des objets. Environ 200 caisses sont ainsi stockées et répertoriées grâce à un espace de stockage externalisé et à la mise en place d’un logiciel spécifique de gestion des caisses vides. Dans la même optique, les socles fabriqués pour chaque objet à l’occasion des itinérances des expositions sont répertoriés et conservés en vue de leur réemploi.
Adopter une gestion rationnelle des données numériques
Avec le double objectif de désaturer les serveurs et de mieux maîtriser les gisements d’informations numériques, le musée a lancé un projet d’ampleur dénommé ODDON (Organisation des Données et des DOcuments Numériques). ODDON consiste à rationaliser l’usage des serveurs en généralisant de bonnes pratiques de conservation des données.
Une stratégie d’édition vertueuse
Le musée a défini une politique d’édition de ses ouvrages fondée sur des principes d’impression sur papiers certifiés uniquement et choisis en fonction de leur impact carbone (70% de l’empreinte carbone d’un livre provenant de la production du papier), de conception écoresponsable des ouvrages de sorte à limiter la gâche de papier, d’ajustement des tirages pour éviter le pilon, et de réduction des distances parcourues entre les différents acteurs de la chaîne (papetier, imprimeur, stockage). Le musée travaille également à un outil d’analyse carbone de ses projets d’édition.
Promouvoir la biodiversité auprès du grand public
Le jardin du musée a été conçu par Gilles Clément, un des paysagistes pionniers de l’approche écologique de l’art du jardin. Il abrite quelque 150 espèces végétales sur plus de 17 000 m2. Véritable réserve urbaine de biodiversité, gérée de manière strictement agro-écologique, c’est aussi un lieu de découverte du vivant pour les visiteurs du musée, où se tiennent régulièrement des ateliers de sensibilisation organisés pour les visiteurs et notamment les familles, en particulier pendant l’été.