Le musée du quai Branly – Jacques Chirac est dédié à la préservation et à la valorisation de la diversité des cultures humaines à travers le monde. Alors que la destruction des écosystèmes naturels menace la pérennité de nombreuses cultures – en Amazonie, en Afrique subsaharienne, dans les îles océaniennes, sur les territoires polaires… – le musée assume une responsabilité particulière en matière environnementale.
Dans le même esprit, en tant qu’établissement en charge d’une mission de service public culturel il endosse aussi une responsabilité sociale forte, à travers les objectifs d’inclusion, d’égal accès aux arts et aux savoirs, d’accessibilité au plus grand nombre et, plus largement, de lutte contre toutes les discriminations.
Un centre de ressources et de réflexion sur les grands enjeux contemporains
Les collections du musée offrent d’innombrables ressources pour penser collectivement les grands sujets contemporains. Les objets des peuples autochtones et des sociétés extra-occidentales racontent la diversité des façons de vivre ensemble et d’interagir avec les autres espèces. Les fonds de photographies documentent l’évolution des paysages et des sociétés à travers le monde ; les fonds de films font entendre les voix et les messages de cinéastes des 4 autres continents ; les 18 000 ouvrages de la médiathèque offrent aux chercheurs et aux étudiants savoirs et connaissances pour appréhender les grandes questions de notre époque.
Depuis son ouverture, la programmation du musée reflète également les grands sujets contemporains : à travers les expositions, à travers les événements et enseignements scientifiques, les cycles de cinéma, la programmation du Salon de lecture, les conférences des Dialogues du quai Branly, à travers le festival de cinéma Jean Rouch qui est accueilli en ses murs, etc., le musée ouvre depuis toujours des espaces de réflexion et de débats d’idées. Il fait résonner les voix d’artistes, d’auteurs, de chercheurs et de scientifiques qui informent, interrogent et alertent sur les enjeux écologiques, sociaux, culturels et politiques de notre époque.
Fort de cette identité originelle, le musée porte en chacune de ses actions une ambitions globale et exigeante en termes de durabilité environnementale, sociale et sociétale.
Un musée engagé pour l’environnement
Une démarche ambitieuse de décarbonation
Le musée a réalisé en 2023 son bilan carbone complet, sur les données de l’année 2022. À partir des résultats, dans une démarche de co-construction avec l’ensemble de ses services, un plan de décarbonation à la fois ambitieux et pragmatique a été défini.
Celui-ci repose sur trois piliers : engager, raisonner, réinventer, et se structure en neuf axes de travail opérationnels. Il intègre le cadre réglementaire auquel est soumis le musée, ainsi que les objectifs fixés par l’Etat dans son dispositif « Services publics écoresponsables ».
Ce plan de décarbonation s’inscrit dans la continuité d’une démarche amorcée dès 2014 par l’établissement : écoconception pionnière des expositions, recherche d’alternatives dans les champs de la restauration et de la conservation des œuvres, programmes de sensibilisation et de formation des équipes, insertion de clauses dans les marchés, etc., sont autant d’initiatives qui sont approfondies et complétées à partir des résultats du bilan carbone.
Retrouvez les résultats du bilan carbone et les grandes lignes du plan de décarbonation du musée :
A noter que le musée réalisera en 2026 un nouveau bilan carbone complet sur les données de l’année 2025.
Produire les expositions dans une logique d’éco-conception
Le musée du quai Branly – Jacques Chirac a engagé dès 2014 un travail volontariste de réduction de l’empreinte environnementale de ses expositions.
Cela se traduit tout d’abord par l’acquisition de mobiliers et d’éléments de scénographie réutilisables, afin de réduire significativement la quantité de matériaux produits pour les expositions et, par conséquent, le volume de déchets générés. Depuis 2022, le musée s’est ainsi doté d’un parc de 38 vitrines, complété en 2025 par 80 cimaises modulables et 60 réhausses, utilisées de manière pérenne dans l’ensemble de ses expositions. Le musée a également investi dans un parc d’éclairage, majoritairement composé de projecteurs LED, spécifiquement dédiés aux espaces d’expositions temporaires. Il en va de même pour le matériel audiovisuel.
Cette démarche se concrétise également dans la conception presque systématique de deux expositions consécutives en Galerie Jardin par une seule équipe scénographique, ce qui permet de favoriser un maximum de réemploi d’une exposition à l’autre. C’est le cas des expositions Amazonia et Africa Fashion. Plus largement, les scénographes sont incités à l’économie de matière et à privilégier le réemploi d’éléments des scénographies précédentes démontés, conservés et inventoriés par le Musée.
En 2024, par exemple, une cinquantaine de vitrines de l’exposition Mexica ont été réaffectées à d’autres expositions ou mises à disposition d’autres scénographes. Sur l’exposition Au fil de l’Or en 2025, 74 % des cimaises et des textiles étaient du réemploi, tout comme 70% des capots en plexiglas et l’ensemble des podiums de l’exposition actuelle Amazonia. (Autres exemples : en 2025, 70 % des capots de l’exposition « objets en question » en MZO ont été conservés / toujours en 2025, 50% des cimaises de l’exposition Hoda Afshar sont du réemploi). En outre, les mobiliers et matériels dont le musée n’a plus l’usage sont autant que possible donnés ou prêtés à d’autres musées ou institutions (Musée d’art laïque du Pont du Gard, Musée Rodin, AP HP) ou confiés à des plateformes d’économie circulaire (Baticycle, la Réserve des Arts).
Enfin, depuis 2024 le musée fait partie du comité de pilotage du projet OCRE (Outil de conception responsables des expositions) porté par Paris Musées, en partenariat avec Karbone Prod, Atemia et une dizaine de musées français, afin de constituer un outil de mesure des impacts environnementaux des expositions. Ce projet est lauréat de l’appel à projets « Alternatives Vertes 2 » dans le cadre du plan France Relance.
Une recherche active d’alternatives pour la conservation et le transport des œuvres
Le musée porte plusieurs projets innovants visant à renouveler les pratiques de conservation et de transport des œuvres, et à trouver des alternatives vertueuses aux matériels et matériaux habituellement utilisés :
- Il est copilote du projet « Ca va cartonner ! » pour la conception d’une caisse en carton pour le stockage et le transport des œuvres, avec le C2RMF (le Centre de recherche et de restauration des musées de France) et la société de transport d’œuvres André Chenue ;
- Il a mené avec le transporteur Hizkia la conception d’une caisse de conditionnement modulable et réutilisable pour les objets 3D ;
- Il a initié un projet de recherche sur des matériaux biosourcés de calage et de rembourrage, en alternative aux mousses plastiques, en partenariat avec l’INP (Institut national du patrimoine) ;
- Il participe au projet « Prenons le contrôle du climat » porté par l’ICOM France et l’association Ki Culture, visant à étudier les conditions climatiques de conservation des œuvres, en vue de réduire les consommations d’énergie dans les espaces de réserve des musées.
Valoriser les déchets et matériaux
Le musée fait régulièrement don de matériels à d’autres institutions dont le Museum du Havre, le Musée des Confluences, le musée Fenaille, la maison Alexandra David-Neel, la bibliothèque de Versailles ou encore le MAH de Granville. En 2023 par exemple, un total de 23m3 de fournitures a ainsi été donné au musée Bargouin, au musée de Guérande, à la Cité de la Musique et au musée de l’APHP.
Dans cette même logique d’économie circulaire, le musée a élaboré un système de réemploi de ses caisses de transport des objets. Environ 200 caisses sont ainsi stockées et répertoriées grâce à un espace de stockage externalisé et à la mise en place d’un logiciel spécifique de gestion des caisses vides. Dans la même optique, les socles fabriqués pour chaque objet à l’occasion des itinérances des expositions sont répertoriés et conservés en vue de leur réemploi.
En termes d’équipement numériques également, le musée fait don d’une large partie de ses équipements réformés mais encore en fonctionnement ; et l’intégralité des équipements hors d’usage est recyclée par l’éco-organisme Ecosystem.
Adopter une gestion rationnelle des données numériques
Avec le double objectif de désaturer les serveurs et de mieux maîtriser les gisements d’informations numériques, le musée a lancé un projet d’ampleur dénommé ODDON (Organisation des Données et des DOcuments Numériques). ODDON consiste à rationaliser l’usage des serveurs en généralisant de bonnes pratiques de conservation des données.
Une stratégie d’édition vertueuse
Le musée a défini une politique d’édition de ses ouvrages fondée sur des principes d’impression sur papiers certifiés uniquement et choisis en fonction de leur impact carbone (70% de l’empreinte carbone d’un livre provenant de la production du papier), de conception écoresponsable des ouvrages de sorte à limiter la gâche de papier, d’ajustement des tirages pour éviter le pilon, et de réduction des distances parcourues entre les différents acteurs de la chaîne (papetier, imprimeur, stockage). Le musée travaille également à un outil d’analyse carbone de ses projets d’édition.
Promouvoir la biodiversité auprès du grand public
Le jardin du musée a été conçu par Gilles Clément, un des paysagistes pionniers de l’approche écologique de l’art du jardin. Il abrite quelque 150 espèces végétales sur plus de 17 000 m2. Véritable réserve urbaine de biodiversité, gérée de manière strictement agro-écologique, c’est aussi un lieu de découverte du vivant pour les visiteurs du musée, où se tiennent régulièrement des ateliers de sensibilisation organisés pour les visiteurs et notamment les familles, en particulier pendant l’été.