Nom : Montagnani
Prénom : Tommaso
Statut : Doctorant (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris)
Laboratoire de rattachement : Laboratoire d’Anthropologie Sociale (LAS)
Montagnani Tommaso (2010-2011)
Contenu
Domaine de recherche
Musique rituelle chez les Kuikuro (Haut-Xingu, Brésil)
Aérophones, chants féminins
Relations entre musique et langage
Mémoire rituelle, apprentissage musicale
Ethnomusicologie
Anthropologie Générale
Formation
Depuis 2006 : préparation d’un Doctorat d’anthropologie sociale à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, sous la direction de Carlo Severi (Directeur d’études, EHESS).
2006 : Master 2 de recherche « Anthropologie Sociale » à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris.
2004 : Maîtrise d’Histoire de la Musique à la Faculté de Lettres et Philosophie de l’Université de Sienne (Italie).
Depuis 2006, je mène des recherches sur les musiques rituelles des Kuikuro du Haut Xingu. J’ai effectué deux voyages de terrain en 2008 et en 2009 et je travaille depuis 2007 sur les archives du projet DKK (Documenta Kuikuro), dirigé par Carlos Fausto et Bruna Franchetto (Universidade Federal do Rio de Janeiro) en collaboration avec des chercheurs indigènes. Le but du projet est la documentation des répertoires des arts de la parole et des musiques rituelles Kuikuro.
J’ai été allocataire de recherche à l’EHESS de 2006 à 2009 et je suis actuellement membre du projet de recherche Anthropologie de l’art : création, rituel, mémoire, dirigé par Carlo Severi et du groupe de recherche CAPES-COFECUB L’image rituelle : agentivité et mémoire, dirigé par Carlo Severi et Carlos Fausto.
Projet(s) de recherche
Les différents genres de musique des Kuikuro du Haut Xingu forment un ensemble complexe et varié à l'intérieur duquel il existe de nombreuses relations et connexions qui nous obligent à considérer la totalité des formes d'expression musicales comme un système unique. Sans vouloir effacer ou sous-estimer les différences entre les genres, j'estime qu'il est nécessaire d'avoir une vision d'ensemble de l'activité musicale des Kuikuro, afin de mieux comprendre non seulement les spécificités de chaque forme ou répertoire mais aussi la pensée qui sous-tend l'organisation du son et son interaction avec la parole et le geste rituel. La musique des flûtes masculines partage un bon nombre de mélodies avec le répertoire des chants féminins ; les prières et les chants du rituel de guerre Hagaka sont structurés selon des principes d'organisation mentale qui sont propres aussi à la musique instrumentale et aux arts de la parole ; l'utilisation de syllabes et de textes comme un support mnémonique caractérise l'apprentissage de tous les répertoires de musique instrumentale Kuikuro (flûtes sacrées, flûtes doubles, clarinettes, etc.).
L'observation et la description de la phase d'apprentissage pendant mes séjours sur le terrain est l'un des outils les plus utilisés dans ma recherche. Le discours Kuikuro sur la musique est extrêmement développé et il existe de nombreux termes Kuikuro qui servent à nommer les parties et les structures des pièces musicales. Cette terminologie est amplement utilisée dans la relation entre maître et élève, qui est la forme que prend l'apprentissage des musiques instrumentales plus complexes. Il existe chez les Kuikuro une théorisation indigène de la musique, qui est, elle aussi, objet de ma recherche. S'il existe des formes musicales simples qui sont apprises de façon empirique, ce n'est pas le cas pour les répertoires plus vastes et difficiles comme les suites de flûte sacrée Kagutu : la relation entre maître Kagutu et élève peut durer des années. Le travail d'observation de cette phase a permis de constater que les techniques d'apprentissage utilisées dans les différents répertoires de musique sont souvent les mêmes et qu'elles sont basées sur la langue ou sur une sorte de méta-langage qui est créé autour de la musique instrumentale. La langue et la parole sont omniprésentes dans la musique Kuikuro, même dans les rituels où aucun texte n'est énoncé. Les images mentales constituent un autre outil mnémonique très répandu, surtout chez les joueurs de flûte Kagutu. La pièce est conçue comme un parcours, le thème principal étant le chemin principal, tandis que les variations sont conçues comme des déviations, des chemins secondaires. Il existe des correspondances précises entre cette image et ce qui est dit dans le langage musical : les termes musicaux Kuikuro correspondent à des concepts visualisés mentalement qui possèdent des formes graphiques pouvant être dessinées par un maître à un élève afin de mieux lui transmettre son savoir.
Le travail que je suis en train de mener depuis 2007 avec l'ethnolinguiste Bruna Franchetto et l'anthropologue Carlos Fausto de l'Université Fédérale de Rio de Janeiro a mis en évidence la façon dont les liens entre les genres musicaux reflètent et formalisent les relations entre les différents groupes sociaux qui les pratiquent. Ainsi, le rituel masculin Kagutu et le rituel féminin Tolo, qui partagent les mélodies sacrées des esprits, marquent à la fois la relation entre hommes et femmes et les deux relations bâties autour de la présence sonore des esprits : celle, solennelle et sacrée, des hommes et celle, ironique et profane, des femmes.
Publications
Articles
Fausto, Carlos, Franchetto, Bruna et Montagnani, Tommaso. « Les formes de la mémoire: art verbal et musique chez les Kuikuro du Haut Xingu ». Dans L’Homme No. 197. Paris, 2011
(à paraître) Franchetto, Bruna, Montagnani, Tommaso, « Images et relations sonores chez les Kuikuro du Haut Xingu: flûtes des hommes, chants des femmes ». Dans Gradhiva, Paris, 2011
(à paraître) « Présences sonores : musique, images et langue chez les Kuikuro du haut Xingu » dans Images Re-vues Paris, 2011.