Abdoulaye Barry

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TCHAD

Abdoulaye Barry est né à N’Djamena au Tchad, en 1980. Après avoir couvert, durant plusieurs années, des cérémonies – baptêmes, mariages et funérailles – il réalise un premier stage de photographie en 2006 au Centre Culturel Français de N’Djamena. Il entame alors une première série de photographies sur le thème des enfants de rue, capture de leur quotidien à N’Djamena. Certaines de ces photographies font l’objet d’une exposition à la Biennale de Bamako en 2009, où il remporte le prix du jury.
Aujourd’hui, Abdoulaye Barry réalise également des reportages photographiques pour des journaux, quotidiens et magazines, dont Jeune Afrique, Afrique Magazine, Africa 24 Magazine.

musée du quai Branly - Jacques Chirac · Rencontre avec Abdoulaye Barry, lauréat de l'édition 2019 du Prix pour la Photographie du musée

Un si grand Lac

Résidences photographiques 2019

Situé au coeur de la bande sahélienne, le lac Tchad constitue une ressource en eau essentielle pour les pêcheurs, éleveurs et cultivateurs des quatre pays riverains : le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Nigeria. Ce lac a connu d’importants changements ces dernières décennies. Il y a cinquante ans, il était comparable à une mer intérieure d’une superficie de 20 000 km2. Les sécheresses répétées des années 1970 et 1980 ont entraîné son assèchement rapide jusqu’à réduire sa superficie à environ 2 000 km2, entraînant des conséquences pour les populations.

Le projet de la série Un si grand lac est né de l'envie d'Abdoulaye Barry de partager avec le plus grand nombre les réalités de cette partie méconnue du Tchad appelée la région du Lac, où la violence alimentée
par les insurgés de la secte Boko Haram, le déversement des milliers de réfugiés et de personnes déplacées font chanceler les moyens de subsistance des populations. L’insécurité empêche les personnes de cultiver, de pêcher et de faire du commerce à travers les frontières. Les lourds dispositifs anti Boko Haram, les restrictions accompagnant l’Etat d’urgence, la priorité accordée aux objectifs militaires au détriment de la protection des civils renforcent la vulnérabilité parmi les communautés déjà affaiblies. Par ailleurs, le changement climatique et la dégradation de l’environnement érodent les moyens de subsistance des agriculteurs, des pêcheurs et des éleveurs.

Un Si Grand Lac, c’est ce regard sur le Lac Tchad devenu le champs de bataille de Boko Haram. ce histoire de l’Afrique qui court, à cent à l’heure, dans la détresse du Sud et les interrogations du Nord. Ils sont nombreux, très nombreux les habitants du Kayga Ngouba, Kayga Kindjire, Mboma ( Tchad). Mada, Kamari (Cameroun) Toumour, Nguigmi (Niger), Baga, Malfatri (Nigeria). les familles fuyant la furie meurtrière de Boko Haram. Dès la première semaine du mois de janvier 2015, Bagasoula et les villages environnant, dans la région du Lac Tchad accueille près de 20.000 réfugiés et déplacés interne, essentiellement des femmes, des enfants et la plupart non accompagnés. Et chaque jour, il en arrive d’autres. Le Lac Tchad vit depuis les indépendances sous un soleil qui grille ses populations et les enferment dans le silence et l’oubli.

La galerie de portraits nocturnes qui compose la série rappelle l'existence fragile de ces peuples déplacés qui errent la nuit pour se cacher dans la brousse et dans les champs, disposant pour seul moyen de défense d'outils pour l'exploitation du sol et s'éclairant à l'aide des lumières des téléphones portables. Des populations vulnérables dont les destins menacés entrent en résonance avec une époque fortement des bouleversements politiques, économiques, sociaux et religieux où le monde se pose la question de son propre destin.

Une série réalisée entre 2019 et 2020.

Un si grand lac

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Mbodou Moussa, 43 ans