Pablo Lopez Luz

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Romana Tropical

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Cuba CIV

Romana Tropical

Résidences photographiques 2019

Le travail photographique de Pablo López Luz scrute les éléments du passé visibles dans l’environnement contemporain, tout en interrogeant la notion d’identité des villes. Influencé par les paysages abstraits et géométriques du peintre Gunther Gerzso dont il connaît l’œuvre depuis l’enfance, Pablo López Luz repère dans les constructions vernaculaires contemporaines des réminiscences de la culture précolombienne. Pyramides inversées, rectangles concentriques, lignes droites et carrés de sa série Neo Inca (2016-2017) constituent autant de formes géométriques qui mettent en évidence le dialogue entre architecture ancienne et contemporaine.

Pour les Résidences photographiques, Pablo López Luz poursuit ses recherches à Cuba. Son projet, Romana Tropical, réalisé dans plusieurs villes cubaines, aborde de manière critique le concept d’identité nationale et la dualité conflictuelle d’un pays tiraillé entre son origine culturelle multiethnique et son passé colonial. Comme dans de nombreux pays d'Amérique latine, l'héritage colonial est très présent dans le plan des villes cubaines. Il reste aujourd’hui peu de vestiges de l’architecture précoloniale des Caraïbes, relégués principalement à la périphérie des villes. Mais un phénomène curieux est apparu au cours des dernières décennies dans les rues périphériques de petites villes cubaines : des motifs classiques et baroques, ont été réadaptés, aux couleurs caribéennes, pour décorer des espaces privés. Ils apparaissent dans les moindres détails de la ferronnerie des maisons de banlieue, ornant les façades et les portes comme un symbole de statut et de culture. L’idée que le pouvoir et le statut sont encore rattachés à une esthétique européenne est en contradiction avec l’histoire révolutionnaire de Cuba. « Ce style architectural particulier, association de motifs caribéens à d’autres, classiques ou baroques, dépeint Cuba sous un nouveau jour. Une forteresse aux influences tropicales, peut être un ancien bastion naufragé et tropicalisé de la glorieuse Rome Antique. »

La série Romana Tropical présente un répertoire de motifs urbains qui cohabitent dans ces architectures surprenantes. Colonnes richement décorées, balustrades colorées et ferronneries fantaisistes composent les façades multicolores et les porches d’entrée des habitations cubaines.  Les ornementations ajourées des ferronneries revêtent des formes multiples : cercles, arabesques, volutes, losanges, motifs d’inspiration végétales ou organiques, toile d’araignée… Dans cette série, Pablo López Luz privilégie souvent les angles et les obliques à la vue frontale, comme pour éviter l’étagement et l’aplanissement des formes. La diversité des motifs compilés dans les photographies révèle ainsi l’imbrication de plusieurs temporalités dans le paysage cubain contemporain. 

Réalisation du projet entre 2019-2020.

Pablo Lopez Luz

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© DR

MEXIQUE

Pablo López Luz est né à Mexico, en 1979. Dans son enfance, il est sensibilisé à la peinture par son père Ramon Lopez Quiroga, galeriste à Mexico, et côtoie de célèbres artistes mexicains. Plus tard, il étudie à l’International Center of Photography de New York, dont il sort diplômé en 2006.

D’abord connu pour ses images aériennes de la ville de Mexico, Pablo López Luz inscrit d’emblée sa pratique de la photographie dans la tradition paysagiste mexicaine. Influencé par la série Tableaux de Jean-Marc Bustamante et Candlestick point de Lewis Baltz, il s’intéresse aux transformations urbaines à la périphérie des villes. Depuis 2012, il explore la présence l’influence de la culture préhispanique dans le paysage urbain contemporain au Mexique, au Pérou et en Bolivie. Il se concentre plus particulièrement sur les façades d’immeubles et de maisons dont les décors reprennent – de manière volontaire, symbolique ou accidentelle - des motifs précolombiens.

Ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives, notamment: au National Museum of Contemporary Art, Séoul (2018), Museo El Eco à Mexico (2018), Fondation Cartier pour l’art contemporain (2018), Museo del Chopo (2017), la National Gallery of Canada in Ottawa (2017), Rencontres d’Arles (2017), Arroniz Arte Contemporáneo (2016), Lianzhou Photography Festival (2015), International Center of Photography à New York (2014), SFMOMA (2012), Centro Fotográfico Álvarez Bravo (2012), biennale Photoquai (2009), Casa del Lago (2006) in Mexico City.

Il a publié cinq monographies, et a remporté plusieurs récompenses parmi lesquelles : le MAST Foundation Photography Award 2018-2019 (Bologna, Italy), le Premio Velázquez (2005), le Certamen Jóvenes Creadores (2007 et 2011) et le IILA Photography Award à Rome.