Visages d’une collection

Du 30 mars au 10 juillet 2017

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30 mars - 10 juillet 2017

Cette fresque photographique, composée d’images appartenant aux collections du musée du quai Branly - Jacques Chirac, souligne les liens qui unissent historiquement la photographie et l’anthropologie.

Toutes deux naissent de manière concomitante vers 1840. Les débats sur les origines de l’homme et la diversité des races conduisent les scientifiques à se saisir de la photographie comme outil « objectif ». Si ces recherches de caractérisation et de classification de différents « types » humains se révélèrent chimériques, elles furent cependant aux origines de la constitution d’une vaste archive visuelle, conservée autrefois à la photothèque du Musée de l’Homme.
Les supports cartonnés anciens — matière brute que des générations de chercheurs ont manipulée — servent de référent historique et de témoin emblématique de la manière documentaire dont ces photographies ont été perçues jusqu’à récemment. Aujourd’hui s’y ajoutent une valeur esthétique et un fort pouvoir sur l’imaginaire.

Ce regard porté sur les collections du Musée par Serge Kakou, collectionneur et spécialiste de la photographie de voyage du XIXe siècle, mélange portraits et crânes. Ces sujets représentent deux grands domaines  : anthropologie générale et anthropométrie, qui se distinguent visuellement à l’intérieur des fonds historiques. Pendant que les portraits relèvent ici du domaine des vivants, les études de crânes représentent l’iconographie traditionnelle de la Vanité — notamment à travers la remarquable série de photographies réalisée au début des années 1860 par Philippe Potteau, préparateur au Muséum d’histoire naturelle de Paris. La prise de vue frontale restitue même aux crânes une individualité, soulignant la singularité de chaque humain jusque dans cet ultime portrait.

La photographie fait aussi exister un pont entre les vivants et les morts. Au sein de ce damier de portraits et de crânes sont insérés des intercesseurs spirituels : chamanes, sorciers, objets magiques et sacrés qui relient ces deux mondes. Ainsi, encore, les photographies d’hier nous rappellent, à nous autres vivants d’aujourd’hui, que nous appartenons tous à ce même grand « corps » qu’est l’humanité.

 

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