Résidence sonore 2023 : Aïda Adilbek

Projet lauréat : « Ton dernier repos sera bercé par des chants » (“Öleñmen jer qoïnyna kirer deneñ”)

Contenu

"Öleñmen jer qoïnyna kirer deneñ / Ton dernier repos sera bercé par des chants" est une œuvre sonore et visuelle immersive et intimiste créée par l’artiste kazakhe Aïda Adilbek dans le cadre du programme de Résidence sonore du musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Cette œuvre est le fruit du travail de recherche mené par l’artiste sur le patrimoine immatériel de son pays. À partir des chants rituels de lamentation ou de célébration qui accompagnent la naissance et la mort, Aïda Adilbek nous invite à nous plonger dans un processus de transformation et de renaissance.

« ton dernier repos sera bercé par des chants / "Öleñmen jer qoïnyna kirer deneñ »

« Les cultures orales marquent et rythment la vie du peuple kazakh, comme celle de nombreux autres peuples du monde. Sous différentes formes (bata – bénédictions en vers, du'a – citations du Coran, jyr – chants épiques et musique instrumentale), elles accompagnent chaque événement important de la vie. De la naissance à la mort, dans la joie et le chagrin, ces chants et ces récits capturent le présent et sont une source de réconfort.

Le titre de l'œuvre fait référence à une citation du philosophe et écrivain kazakh Abai Qunanbayev : « Une chanson t’ouvre les portes de la vie, et une chanson berce ton dernier repos ». Le projet s'inspire largement de la poésie classique kazakhe, de la musique instrumentale et des chants traditionnels pour créer une vision moderne d’une histoire personnelle de perte et de deuil. »

Aïda Adilbek

musée du quai Branly - Jacques Chirac · Öleñmen jer qoïnyna kirer deneñ / Ton dernier repos sera bercé par des chants

BIOGRAPHIE

Aïda Adilbek

Aïda Adilbek (née en 1994) a grandi à Almaty, au Kazakhstan. En 2016, elle obtient son diplôme en étude critique de l’histoire de l’art à l’Académie nationale d’art Jurgenov Kazakh. L’année de son intégration au département d’histoire de l’art, celui-ci décide de fermer son programme en langue russe au profit d’un programme en langue kazakhe. Aïda Adilbek se rend compte, à travers ces nouveaux enseignements, de l’absence de connaissances concernant l’art visuel kazakh pré- soviétique. Son apprentissage des arts appliqués, qui sont, tant sur le plan pratique que sur le plan conceptuel, au centre des cultures nomades, façonne sa vision de l’art. Après avoir obtenu son diplôme, Aïda Adilbek intègre une école de geste artistique (ШХЖ), à Almaty. Elle y rencontre de nombreux amis et collègues avec qui elle fonde en 2020 le collectif exclusivement féminin MATA. Durant ces trois dernières années, le collectif a pu mener des projets engagés, artistiquement et socialement,  comme le semi-festival MATA WEEK ou encore le podcast RADIOMATA. La même année, elle obtient une maîtrise en Beaux-Arts à la Goldsmiths University of London (Londres, Royaume-Uni). Aujourd’hui, son activité rassemble pratiques artistiques, conservation et recherches théoriques. En plus de donner des conférences, Aïda Adilbek organise des événements et des expositions pour d’autres artistes. En 2021, elle est invitée à faire partie du collectif DAVRA, un groupe de recherche lancé par Saodat Ismailova, une cinéaste et artiste ouzbèke, dans le cadre de son projet « Chilltan », présenté en 2022 à la 15e édition de la Documenta à Kassel, en Allemagne. Cette expérience l’a incitée à approfondir son intérêt pour les supports audiovisuels de narration, performatifs et durables. Pour le projet de la Documenta, elle réalise une installation sonore performative intitulée « Chilltan Suv » (L’eau des Chilltans) et son premier court métrage documentaire « Alaqan », qui suit sa grand- mère et sa mère dans leurs tâches ménagères quotidiennes.

Rencontre avec Aïda Adilbek

Jeudi 21 mars 2024 à 18h30

Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, situé à Tourcoing, est un pôle d’excellence dans l’enseignement artistique, audiovisuel et numérique français, dont le programme pédagogique met en avant le croisement des disciplines et la production d’œuvres à échelle réelle avec des moyens de production professionnels. La direction artistique de l’école, pilotée par Alain Fleischer, encourage par ailleurs le passage des outils, supports et langages traditionnels de la modernité (cinéma, photographie, vidéo, création sonore et musicale) à l’univers des technologies émergentes et des arts numériques. Chaque année, l’établissement accueille des artistes qui comptent parmi les plus renommés de la scène internationale, toutes disciplines confondues. À titre d’exemple, on peut citer Jean-Luc Godard, Anne Teresa de Keersmaeker, Sarkis, Gary Hill, Choï, Charles Sandison, Ryoji Ikeda et plus récemment Ben Russell ou Laure Prouvost. Ces créateurs accompagnent les projets des jeunes artistes étudiant au Fresnoy tout en réalisant eux-mêmes un projet personnel.

LE FRESNOY - STUDIO NATIONAL DES ARTS CONTEMPORAINS

En écho à son engagement et soutien en faveur du patrimoine immatériel des cultures qu’il représente et de la création contemporaine, le musée a mis en place au début de l’année 2022 un programme de résidence sonore. Le dispositif prévoit une dotation à hauteur de 8000 euros et le financement de la production d’une œuvre sonore conçue en lien avec les collections, enjeux et thématiques du musée. Ce programme d’aide à la création permet d’accueillir chaque année un artiste originaire de l’un des quatre continents représentés dans les collections du musée (Afrique, Asie, Océanie, Amériques) pour la réalisation d’un projet artistique unique. À l’issue de l’appel à projets, un jury international de personnalités du monde de la création sonore et audiovisuelle a désigné l’artiste plasticienne kazakhe Aïda Adilbek lauréate de cette deuxième édition

L’artiste est ainsi invitée à produire un projet original en cohérence avec sa trajectoire artistique, en lien avec les collections matérielles et immatérielles du musée.

La résidence s’effectue cette année encore en partenariat avec Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Tourcoing, qui l’accueillera pour deux sessions de travail et l’accompagnera dans la production de son œuvre sonore. Sa création sera présentée au public en mars 2024 et intégrera les collections du musée. Présidé par Emmanuel Kasarhérou, président du musée du quai Branly – Jacques Chirac, le jury est composé de  :

  • Blick Bassy (artiste),
  • Anne Lafont (historienne de l’art),
  • Youmna Saba (artiste lauréate de la 1ère édition du programme de résidence sonore),
  • Éric de Visscher (musicologue et commissaire d’exposition),
  • François Bonenfant (coordinateur cinéma et arts visuels au Fresnoy – Studio national des arts contemporains),
  • Anne-Solène Rolland (directrice du Patrimoine et des  Collections au musée du quai Branly – Jacques Chirac),
  • Christine Drouin (directrice du Développement Culturel au musée du quai Branly – Jacques Chirac),
  • Anne Behr (responsable du service de l’auditorium au musée du quai Branly – Jacques Chirac)
  • et d’Élodie Saget (responsable des fonds sonores et audiovisuels au musée du quai Branly – Jacques Chirac).

Cette résidence s’inscrit dans le projet « Musée Résonnant » qui vise à transformer l’expérience sonore du visiteur sur  le plateau des Collections permanentes du musée. Le son, envisagé comme une autre façon d’appréhender les œuvres, au- delà de la stricte perception visuelle, permet notamment une meilleure inclusivité des publics et l’intégration de la multiplication des approches, de la pluralité des voix autour des objets présentés. Il est au cœur des réflexions sur le musée de demain.

Aussi, conscient de l’importance que revêt aujourd’hui le médium son dans la régénération du patrimoine immatériel, le musée du quai Branly – Jacques Chirac souhaite faire entendre des artistes du 21e siècle dont l’héritage culturel se déploie dans un monde contemporain et dialogue avec lui. Il s’engage ainsi dans une démarche à long terme de soutien et de valorisation de la création contemporaine en art sonore

 

 

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