Au Palais de Tokyo les agents de sécurité surveillent... Que pensent-ils ? Qu’observent-ils ? 
"Il faut savoir se situer". La place, c'est toute la question de ce film et du geste documentaire. Ces agents de sécurité qui doivent tenir leur place dans l’espace et vis-à-vis des autres la prennent ici grâce à la position du réalisateur. C'est leur parole qui va se déployer dans le plan et ainsi, dans le lieu qui les tait, eux qui se fondent dans le décor et se confondent avec les figures exposées. Ces travailleurs tenus au silence et à l’immobilité se dévoilent sociologues et critiques d’art, aux regards riches, liés aux autres et aux œuvres par ce temps démesuré passé dans les salles. Un temps qui s’étire jusqu’à la nausée, traduit par le dispositif du ralenti révélant cet état de torpeur gonflé par l’usure, la fatigue, les répétitions sonores qui assaillent, mais qu’ils transforment en état de méditation et réflexion. Le film métamorphose ce musée qui les enferme en écrin de leur parole, de leur présence, en espace cinématographique, onirique et infernal, aux dédales mystérieux, sonorités sous-marines, couleurs multiples, un espace rétabli comme leur royaume.

Marie-France Aubert, directrice du festival du film d'Amiens
 

Les ciné-rencontres du LAP : Penser avec le cinéma

Ce cycle de projections du Laboratoire d’Anthropologie Politique est une invitation à discuter collectivement autour de films dont la dimension ethnographique peut faire écho à la recherche, afin de réfléchir aux apports de la pensée cinématographique. Conformément à notre discipline, un cinéma politique ne se limite pas à traiter de thématiques prédéfinies comme politiques. Il permet au contraire d’explorer de nouveaux horizons politiques en offrant un regard singulier et des manières de visibiliser des questions et des subjectivités à travers des formes cinématographiques. Chaque séance sera suivie d’une discussion-débat entre le/la réalisateur.rice et un.e chercheur.euse, afin d’aborder ensemble les questions posées par le film.