Instrument emblématique de la musique ouest-africaine, aujourd’hui présent sur les scènes du monde entier et se prêtant à tous les « branchements » musicaux – du free jazz à l’électro – , la kora plonge ses racines en Sénégambie, à l’extrême-ouest du monde mandingue. Cette harpe, à la silhouette facilement reconnaissable par son imposante caisse de résonance en calebasse, son haut chevalet et ses vingt-et-une cordes, est l’instrument emblématique des griots, ces professionnels de la parole chargés de conter la geste des grandes familles et d’entretenir la mémoire historique en Afrique de l’Ouest.

Cette communication, croisant les perspectives d’un musicien et d’un conservateur, retracera la carrière remarquable de la kora depuis son émergence dans le royaume du Kaabu à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à sa transformation en symbole global de la « musique africaine ». De sa réception en Europe au milieu du XIXe siècle dans le contexte d’une ethnomusicologie naissante et des expositions universelles jusqu’à son inscription dans la world music des années 1980, en passant par sa récupération politique dans le contexte des indépendances, plusieurs jalons de l’histoire de l’instrument seront ainsi évoqués. A l’appui des collections du musée du quai Branly, une attention particulière sera portée à l’évolution de la facture de la kora qui témoigne de l’adaptation incessante de cet instrument et de ses musiciens aux enjeux musicaux, sociaux, économiques ou identitaires de chaque lieu et de chaque époque.
Cette intervention est proposée à l’occasion de la parution de l’ouvrage d’Alexandre Girard-Muscagorry, La kora de Victor Schœlcher. L’Empire d’un instrument ouest-africain aux éditions de la Philharmonie de Paris.

Aller plus loin