Bambounou
- Musique électronique séraphique, France.
"Il n’a pas été élevé par des tigres, mais porte en lui tous les mystères du monde sauvage", annonce de manière énigmatique sa biographie… Histoire de ne pas dissiper le voile qui flotte encore sur ce jeune producteur électronique parisien aujourd'hui considéré comme une "valeur montante" par la presse musicale. Sa faculté d'adaptation, sa capacité à absorber à grande vitesse l'histoire de la dance music, toutes esthétiques confondues, ont en effet fait de lui l’un des grands DJs des années 2010. Nouveau challenge : se confronter à la collection sonore du musée.
Bambounou a fait le choix de convoquer dans le même set des sources venues de tous les continents. Les chants des muezzins d'Alep, les chants d'amour éthiopien et les tambours du candombe uruguayen se conjuguent à merveille et délivrent une vibration d'une heure, aérienne et intense.
Un album à écouter
- Cult music of Trinidad, Folkways Records, 1961.
En 1960, l'anthropologue américain George Eaton Simpson (1904-1998) se rend sur l'île de Trinidad pour étudier et enregistrer deux cultes pratiqués par les afro-descendants. Le disque publié par Folkways quelques mois plus tard présente différentes cérémonies organisées dans des sanctuaires dédiés à des shango, des divinités dérivées des orisha des Yoruba du Nigéria. Les croyances et les rituels du shango reprennent également des éléments du catholicisme.
La musique qui accompagne le culte et fait se mouvoir les danseurs est jouée par des ensembles de trois tambours à deux peaux frappées avec des baguettes et racleurs en bois. D'autre part, George Eaton Simpson s'est intéressé aux messes organisées par les Shouters ou Spiritual Baptists, les membres d'un courant religieux syncrétique qui lui aussi assemble des éléments de cultes africains avec d'autres tirés du christianisme. L'anthropologue a enregistré la messe dans plusieurs églises. Les chants sont rythmés par les frappements de main et par quelques cloches.
Les autres albums utilisés par Bambounou (et disponibles à la médiathèque) :
Heatsick
- Collage dadaïste, Royaume-Uni.
Steve Warwick a développé son projet solo Heatsick à partir d’une obsession : faire le travail d'"excavation" d'un DJ, jouer comme un DJ – c’est- à-dire enchaîner des pistes de musique, mais à partir d'un vieux Casiotone. Adepte d’une technique de collage post-dadaïste et amateur d'environnements sonores comme d’expériences soniques mettant les auditeurs dans un doux état de torpeur, Steve Warwick réussi à rendre grâce à l’urgence de la musique. Peu de moyens mais beaucoup de talent.
Polyphonies vocales à bourdon du sud de l'Albanie
En préparant sa participation aux Siestes électroniques, Steven Warwick alias Heatsick s'est épris des polyphonies vocales du sud de l’Albanie. Appelées isopolyphonies, elles sont constituées d'une partie qui exécute l'essentiel du chant et d'un contre-chant qui lui répond, et sont toujours accompagnées d'un bourdon, c’est-à-dire une note continue sur laquelle se développe la mélodie.
Ces polyphonies sont pratiquées par des groupes de 2, 3 ou 4 hommes lors des mariages, des funérailles, des moissons ou encore pendant des festivals. Chez les Tosques qui vivent au sud de la rivière Shkumbin, les polyphonies se distinguent par leur lyrisme et leur romantisme. Les chanteurs se relaient pour entretenir le bourdon facilement reconnaissable puisqu’il s’agit toujours de la voyelle "e". En descendant vers le sud du pays, on rencontre les Lab qui pratiquent plusieurs sous-styles régionaux empreints soit de douceur, soit au contraire de rudesse.
Dans certains cas, on peut entendre un double bourdon chantés par un soliste et un chœur. Enfin, à l’extrême sud, on est touché par la mélancolie des polyphonies des Tchames, les Albanais musulmans, qui expriment le souvenir de l'exil de la Grèce. Toutes ces polyphonies vocales à bourdon du sud de l’Albanie ont été classées chef-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel par l’Unesco en 2005.
Des albums à écouter pour prolonger
Et des film à découvrir à la médiathèque
Le "pays perdu", c'est la Tchameria, au nord de la Grèce actuelle, que les Albanais musulmans ont été contraints d'abandonner après la guerre. Pays de haute nostalgie que l'on chante et pleure tout à la fois.
Shaban Zeneli, chanteur, réside en Albanie. À l'occasion, il passe la frontière en clandestin dans le simple but de revoir le village de son père, désormais en ruines. Sur le coup de l'émotion, il chante et crée de nouvelles chansons. Le film raconte ce périple refait avec Shaban en août-septembre 2006.