Le 20 mars 2019

Le tremblement de terre de Lisbonne

par Grégory Quenet

Le réchauffement climatique et les risques renouvelés de guerres demandent d’explorer les grandes catastrophes qui frappent et ont frappé l’humanité. Elles sont tantôt naturelles, tantôt de fabrication culturelle et de main d’homme… sans oublier la catastrophe divine dans la religion.

Le tremblement de terre de Lisbonne

 Le tremblement de terre de Lisbonne demeure sans doute la catastrophe naturelle la plus célèbre de l’histoire, détruisant une partie de la capitale portugaise le 1er novembre 1755. A lui seul, l’argument quantitatif ne suffit pas à expliquer un tel choc des consciences, pas même parmi les événements contemporains. Les 10 000 morts de la capitale portugaise ne suffisent pas à éclipser les 100 000 morts de la peste de Provence en 1720, sans parler des centaines de milliers de morts causés par les cyclones en Inde en 1737 et 1789 ou les dix millions de morts de la famine du Bengale de 1770. Voltaire lui-même ne reconnaît-il pas à propos du tremblement de terre de 1699 en Chine qu’il « fut plus funeste que celui qui de nos jours a détruit Lima et Lisbonne ; il fit périr, dit-on, environ quatre cent mille hommes » (Essai sur les mœurs).  Comme bien souvent, le nombre de morts ne suffit pas à définir le cœur de la catastrophe, la signification l’emporte sur les aspects matériels. Lisbonne serait la première catastrophe moderne, mettant fin à un long Moyen Age des peurs et ouvrant la voie à un nouveau paradigme du risque, structuré par les textes philosophiques et scientifiques mais aussi par une nouvelle organisation matérielle et culturelle de l’espace, au point de pouvoir être considéré comme le premier événement européen de l’histoire.

Grégory Quenet

Grégory Quenet est historien, membre honoraire de l’Institut universitaire de France et professeur d’histoire de l’environnement à l’université de Versailles-Saint-Quentin. Agrégé et docteur en histoire, il a soutenu sa thèse sur « Les tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles » à l’Université Paris I – Sorbonne sous la direction de Daniel Roche du Collège de France en 2001. Il est l’auteur de Les Tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe (Champ Vallon, 2005), Qu'est-ce que l'histoire environnementale ? (Champ Vallon, 2014) et Versailles, histoire naturelle (La Découverte, 2015). Ses travaux actuels portent sur l’Anthropocène et les enjeux de la globalisation planétaire questionnés à partir de la figure historique des îles du Paradis.

  • Gratuit (dans la limite des places disponibles)

  • Durée :  01:30
  • Lieu :  Théâtre Claude Lévi-Strauss
  • Dates :
    Le mercredi 20 mars 2019 de 18:30 à 20:00
  • Public : Tous publics
  • Categorie : Histoire des catastrophes

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