Commencé en 2015, ce cycle continue d’interroger les différentes facettes de l’enfance et ses étapes, à travers les pays et les cultures, la psychologie, la philosophie, la bande dessinée ou la littérature.
Jean-Jacques Rousseau et l'enfance
Rousseau et l’enfance : de l’enfant gâté au petit prince
"En s’efforçant, dans un traité d’éducation fictive, de dégager une enfance essentielle, Rousseau travaille un aspect de l’impossible et nécessaire programme philosophique qu’il poursuit inlassablement dans toute son œuvre. Son objet n’est pas tant d’exposer comment on devrait élever un enfant que de remonter, par des opérations d’extraction, à un point-origine qui révèle un élément premier, enfoui mais toujours actif, du principe humain : un état à la fois absolu et inachevé de la conscience qui se manifeste par l’absorbement en soi-même et où la jouissance de soi, pour être parfaite, règle sa liberté par la pure extériorité inerte des choses.
Obtenu par dissolution purgative de la pourriture sociale qui gâte inévitablement tout enfant réel, plongé dans un tube de Newton où il prend sa gravité, cet enfant essentiel et général, ce petit prince charmant et effrayant nous fait signe au loin de notre généalogie. Nous ne l’avons jamais rencontré, mais nous aimons supposer qu’il est au fond de nous-mêmes et le ressouvenir inventé que nous en forgeons le situe comme objet perdu – c’est sous un regard rétrospectif pourvoyeur de fictions poétiques qu’il nous instruit de quelques vérités.
Il s’agit, en un immense point d’orgue, de l’étudier en retardant le plus possible sa sortie de l’insularité philosophique où Rousseau l’isole pour mieux scruter l’oxymore d’un état moral antérieur à toute moralité. Cette fiction de laboratoire, souvent traversée d’apories, n’a que peu de chose à voir avec l’idée que les pédagogies actives de l’éveil se font aujourd’hui de l’enfant. Elle est aux yeux de Rousseau un opérateur d’éclairage philosophique sur la nature humaine, sur ce qui l’anime et qu’on ne cesse de trahir." - Catherine Kintzler
Catherine Kintzler
Après avoir été admise à l’agrégation de philosophie en 1970, Catherine Kintzler enseigne en lycée jusqu’en 1992. Elle soutient le doctorat d’État en 1990, avant d’être nommée en 1992 professeur à l’Université Lille-III, où elle enseigne la philosophie générale et l’esthétique jusqu’en 2007. Elle est également directrice de programme au Collège International de Philosophie (Paris) de 1989 à 1995 et collabore régulièrement à la manifestation CitéPhilo à Lille à partir de 1997. Elle a également dirigé le Centre Eric Weil (EA) à l’Université Lille-III de 1998 à 2000. De 2004 à 2007, elle siège au CA du Centre national de la danse. En 2008, Catherine Kintzler est Short Term Visiting Fellow à l’Université de Princeton. Elle est désormais professeur honoraire.
Catherine Kintzler est par ailleurs membre du comité scientifique du musée Jean-Jacques Rousseau à Montmorency, et vice-présidente de la Société française de philosophie, dont elle anime le site internet. En janvier 2013, elle est nommée Chevalier de la Légion d’Honneur.
Outre des articles de recherche consacrés aux XVIIe et XVIIIe siècles et plus généralement à l’esthétique et à la philosophie politique, et des contributions à plusieurs publications collectives (notamment le Dictionnaire de la Musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles (Fayard), le Dictionnaire de la danse (Larousse-Bordas, 1999), le New Grove Dictionary of Music and Musicians), elle a notamment publié les ouvrages suivants : Poétique de l’opéra français de Corneille à Rousseau ( Minerve, prix Jamati 1991), La République en questions (Minerve, 1996), Penser la laïcité (Minerve, 2014). Elle également l’auteur d’une dramatique musicale La musique : du corps sonore au signe passionné. Dialogue imaginaire entre d’Alembert et Jean-Jacques Rousseau, représentée en 2012. Catherine Kintzler a également édité des textes d’auteurs du XVIIIe siècle, avec annotations et commentaires, notamment : l’Essai sur l’origine des langues de Jean-Jacques Rousseau (Garnier-Flammarion, 1993), les Cinq Mémoires sur l’instruction publique de Condorcet (en collaboration avec Charles Coutel, Garnier-Flammarion, 1994). Enfin, elle a travaillé en collaboration avec des artistes pour des lectures poétiques, des analyses d’ouvrages, la mise au point de publications ou des conférences ; et dans le domaine politique et de la philosophie politique, en dehors d’interventions devant des sociétés savantes ou dans des séminaires et des colloques de recherche spécialisés, elle a donné de nombreuses conférences d’intérêt général (Fédération des Clubs UNESCO, Centre d’Etudes et de Formation de la Police Nationale, Ligue des Droits de l’homme…). Elle publie par ailleurs régulièrement des articles sur des sujets politiques ou culturels sur son blog mezetulle.fr et s’intéresse en parallèle au rugby, sport sur lequel elle tient un blog.
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Durée : 01:30
- Lieu : Théâtre Claude Lévi-Strauss
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Dates :
Le vendredi 13 mai 2016 de 18:30 à 20:00 -
Accessibilité :
- Handicap auditif bim (T),
- Handicap moteur
- Public : Tous publics
- Categorie : L'Enfance