Le 13 mars 2019

Les fêtes révolutionnaires

par Olivier Bétourné

Le cycle des Grandes Révoltes est heureusement interminable, tant la révolte est permanente. Cette année, détour en Amérique avec les Black Panthers et Wounded Knee et retour sur les grandes révoltes qui ont marqué l’histoire de France et d’Europe.

Les fêtes révolutionnaires

« La fête est une levée en masse, la levée en masse est une fête» observe  finement Mona Ozouf  à la suite de Péguy.
C'est que le peuple vécut les grandes journées de mobilisation dans l’éblouissement de sa force, et la fête comme la promesse renouvelée d’une liberté plus belle encore pourvu qu’on poussât toujours plus loin l’audace. On comprend que, par réaction, tous les gouvernants de la séquence révolutionnaire, de La Fayette à Robespierre, se soient évertués à enrôler la fête au service du projet symétriquement inverse : mettre un terme à l’insurrection éternellement répétée.
D’un côté le peuple et ses traditions festives bientôt investies des plus belles passions civiques (la liberté, l’égalité), de l’autre les gouvernants soucieux d’en finir avec le désordre : Fête de la Fédération, Fête de l’Etre Suprême.
Surprendre le peuple en plein charivari, tout à son plaisir de défier les puissants, observer un village à l’heure de la plantation d’un Arbre de mai comme un défi lancé au château voisin, c’est assister en effet à la naissance d’un  peuple rebelle et fraternel. S’attacher parallèlement à décrire les vastes mises en scène imaginées par les gouvernements  successifs afin de canaliser cette énergie populaire, c’est prendre la mesure de la lente institutionnalisation des principes surgis dans la tourmente.
A l’évidence, le peuple est le véritable héros de toute cette histoire : il est le promoteur et l’acteur unique de la fête sauvage ; il est le grand témoin et le principal dédicataire de la fête nationale. L’une et l’autre ne sont-elles pas liées, d’ailleurs, par un pacte de nécessité ?  A l’expression spontanée de l’aspiration des hommes à la Liberté répond l’institution de celle-ci par la loi.
Rousseau témoigne magnifiquement pour cette « dialectique des Lumières » dans sa lettre à d’Alembert, trente ans avant la prise de la Bastille : « Plantez au milieu d’une place un piquet couronné de fleurs, rassemblez-y le peuple et vous aurez une fête. Faites mieux encore : donner les spectateurs en spectacle, rendez-les acteurs eux-mêmes, faites que chacun se voie et s’aime dans les autres afin que tous soient mieux unis. »
Et vous aurez une Révolution.

Olivier Bétourné

Olivier Bétourné est historien et éditeur. L’historien a consacré  ses années de recherche universitaire (Sorbonne, Paris-I, sous la direction  d’Albert Soboul) à la Révolution française. Il est l’auteur des ouvrages La section parisienne de Bonne-Nouvelle : contradictions sociales et luttes politiques (juin 1793-prairial an III) (1975), Penser l’histoire de la Révolution. Deux siècles de passion française (en coll., La Découverte, 1989). Dans le cadre du cycle des Grandes révoltes de l’Université populaire du Quai Branly,  il a donné deux  conférences, la première sur Robespierre (2017), la deuxième sur Marat (2018). L’éditeur, président-directeur général des Editions du Seuil de 2010 à 2018, est aujourd’hui membre du Comité stratégique de cette maison.

  • Gratuit (dans la limite des places disponibles)

  • Durée :  01:30
  • Lieu :  Théâtre Claude Lévi-Strauss
  • Dates :
    Le mercredi 13 mars 2019 de 18:30 à 20:00
  • Public : Tous publics
  • Categorie : Les Grandes Révoltes

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