Nous l’inventons chaque jour par la rêverie, par la science, par l’écriture. Aujourd’hui, Intelligence artificielle, transhumanisme et réseaux sociaux remettent en question notre vision de l’avenir. Entre confiance dans le progrès, craintes des dérives ou foi dans un avenir tout tracé, à quoi ressemblera notre futur ?
Les millénarismes au XXe siècle
A l’origine, le millénarisme dérive du christianisme, et présuppose le règne d’un Messie terrestre qui va venir après de grands malheurs, c’est certain, bientôt, sous peu, maintenant, mais oui !
Mais quand on cherche ailleurs, on trouve partout au monde des migrations, des regroupements, des espoirs et beaucoup de massacres accomplis au nom d’un futur rêvé qu’il s’agit de précipiter. Parmi les millénaristes du XXe siècle, se trouvent, aux aurores des décolonisations, des mouvements luttant pour une indépendance rêvée, et anticipant les combats pour les vraies indépendances (ce fut le cas de la révolte de Mau-Mau au Kenya). Parfois, la christianisation des autochtones par des missionnaires précipite l’auto-destruction des rituels par les « christianisés », qui inventent alors de fabuleux sauveurs (Culte de John Frum et culte du Prince Philip au Vanuatu, appartenant tous deux aux cultes du « Cargo »); parfois, combinée au marxisme, la christianisation à l’américaine produit le pasteur Jim Jones, responsable de 912 morts, suicidés de force, au Guyana. Car la destruction demeure le maître-mot de mouvements qui, tous, s’inspirent de l’Apocalypse. Une seule exception, nous verrons laquelle.
Catherine Clément
Née en 1939 à Paris, Catherine Clément, ancienne élève de l’École normale supérieure, est agrégée de philosophie. Après douze ans d’enseignement à la Sorbonne, elle devient chef du service Culture au Matin de Paris, puis directrice de l’Association française d’action artistique au ministère des Affaires Étrangères. De 1987 à 1999, elle est en poste à l’étranger, en Inde, en Autriche et au Sénégal. Auteur de documentaires télévisés et de nombreuses émissions radiophoniques, elle a longtemps animé les rencontres du Verger au Festival d’Avignon. Philosophe et romancière traduite en 28 langues, elle a publié une soixantaine d’ouvrages, parmi lesquels, en 2011 L’appel de la transe et La Reine des cipayes ; en 2014, le Dictionnaire amoureux des dieux et des déesses et Aimons nous les uns les autres ; en 2015, elle publie le très documenté Jacques Chirac – vie publique, archives privées, et en 2016, Les Ravissements du Grand Moghol. Son dernier ouvrage : Indu Boy vient de paraître aux éditions du Seuil. Elle est chargée des programmes de l’Université populaire du quai Branly depuis 2003.
