Playlist "Zombis pop"

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Mettez-vous dans l’ambiance de l’exposition Zombis avec cette playlist réalisée par l'ethnomusicologue Renaud Brizard.

À l’occasion de l’exposition Zombis, cette playlist vous invite à découvrir la figure du zombi dans la pop culture, au travers de genres musicaux du monde entier. Des rythmes envoûtants de la musique haïtienne et du zouk aux pulsations du rap, de l'afrobeat, de la k-pop et du métal, chaque morceau révèle une facette unique du zombi.

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Le thème des zombis est profondément enraciné dans la culture haïtienne, où il trouve son origine dans les croyances liées au vaudou. Ces figures de morts-vivants apparaissent régulièrement dans la musique, illustrant l'importance spirituelle et culturelle des zombis en Haïti.

Dans cette playlist, des morceaux comme "Zombie Jamboree" d'Harry Belafonte (sorti en 1953), bien que d'influence calypso et non directement haïtienne, reprennent une tradition caribéenne de chansons humoristiques sur les zombis, popularisant cette figure au-delà des frontières d'Haïti.

Avec "Zombi San Manman" (1992) de Boukman Eksperyans, un groupe de mizik rasin (musique racine) fondé en 1978, on retrouve une approche plus politique et spirituelle. Ce morceau, mêlant des rythmes traditionnels vaudous et du rock, utilise le zombi comme métaphore pour dénoncer les injustices sociales et politiques en Haïti. Le morceau "Zonbi" du groupe Zin (1994), pionniers du zouk haïtien, explore aussi le thème du zombi, mais dans un style plus dansant et contemporain.

Enfin, "Danse zonbi" de K’zino, un artiste de hip-hop et de rap haïtien, propose une vision urbaine et contemporaine du zombi. Ce morceau, sorti dans les années 2010, fusionne les traditions culturelles haïtiennes avec le rap et les sons électroniques, réaffirmant le lien entre la culture populaire et les mythes du vaudou.

LE ZOMBI DANS LES MUSIQUES HAÏTIENNES

Fela Kuti, figure emblématique de l’Afrobeat, est un musicien nigérian dont l’œuvre a profondément marqué la musique et la sphère politique en Afrique. L’album Zombie, sorti en 1976 au Nigeria, est une critique cinglante du régime militaire nigérian, dénonçant ses soldats, qualifiés de "zombis", pour leur obéissance aveugle aux ordres. Fela Kuti utilise cette métaphore pour dénoncer la répression militaire dans un pays alors en proie à des troubles politiques. L'impact de l'album a été immense : Zombie est devenu un succès populaire, mais il a aussi provoqué la colère du gouvernement. En représailles, l’armée a violemment attaqué la commune autoproclamée de Fela Kuti, la Kalakuta Republic. Cet assaut brutal a entraîné la mort de sa mère, Funmilayo Ransome-Kuti, grande militante des droits des femmes, et la destruction de sa communauté. Malgré ces tragédies, Fela Kuti a continué d’utiliser sa musique comme une arme politique, dénonçant l’oppression et l’injustice dans ses morceaux.

FELA KUTI ET ZOMBIE : MUSIQUE DE RÉSISTANCE, MUSIQUE DE COMBAT

Le thème des zombis trouve aussi sa place dans le rap, à la fois aux États-Unis et en France, où il symbolise divers aspects de la condition humaine, de la lutte intérieure et du chaos social. Dans "Death 1" du groupe originaire de Brooklyn Flatbush Zombies, le zombi symbolise souvent l'aliénation des jeunes délaissés par la société. Travis Scott, l’une des figures majeures du rap américain, reprend cette image dans son morceau "Zombies" pour symboliser l’anxiété, l'addiction et la perte de contrôle. En Belgique et en France, les rappeurs Hamza et La Fève s’emparent eux aussi de la figure du zombi pour exprimer la violence de la société urbaine moderne. "Zombie Life" d’Hamza, sorti en 2019, évoque la dureté du quotidien, où le zombi devient un symbole de survie, de répétition, d’addiction et d’un mode de vie d’où l'émotion semble absente.

SURVIVRE AU CHAOS : LES ZOMBIS DANS LE RAP AMÉRICAIN ET FRANCOPHONE

Le thème du zombi revient régulièrement dans les chansons de k-pop, où il est utilisé pour exprimer des sentiments d’aliénation et de résilience. Everglow, DPR Ian, Purple Kiss, SPEED et Day6 ont tous exploré cette figure dans leurs morceaux, chacun abordant des thèmes comme l’amour, la solitude et la répétition du quotidien. Cette fascination s’inscrit dans une tendance plus large en Corée du Sud, où les zombis sont devenus un élément central de la culture populaire. Des films comme "Dernier train pour Busan" et "Peninsula", ainsi que des séries comme "Kingdom" et "All of Us Are Dead", ont popularisé les morts-vivants, souvent utilisés pour aborder des enjeux sociaux tels que la survie, les inégalités et la solidarité. La k-pop s'aligne ainsi sur cette tradition en réinterprétant le zombi comme une métaphore puissante des luttes personnelles et sociales.

ZOMBIS ET K-PO

L’image du zombi s’est largement implantée dans le métal, où elle permet aux artistes d’explorer des thèmes sombres et existentiels. "More Human Than Human" de White Zombie, sorti en 1995, illustre cette tendance. Ce groupe de métal alternatif, fondé par Rob Zombie, intègre le mot "zombi" dans son nom de scène, soulignant l’impact de la culture de l’horreur sur leur musique. Dans cette chanson, le zombi devient une métaphore de la déshumanisation dans une société dominée par la technologie. Rob Zombie, connu pour sa carrière solo, poursuit cette exploration avec "Living Dead Girl" (1998), chanson issue de l'album Hellbilly Deluxe, qui évoque une figure féminine zombie incarnant à la fois désir et mort. Du côté du death metal, "Zombie Ritual" de Death, sortie en 1987 sur l’album Scream Bloody Gore, traite de la mort et de l'horreur, utilisant le zombi comme symbole de violence et de perte d'humanité. Enfin, "Zombie Autopilot" d'Unearth, sortie en 2008 sur The March, fusionne metalcore et death metal. Ici, le zombi symbolise l'apathie et la déshumanisation dans une société en crise, où les êtres humains deviennent des "zombis", prisonniers de la routine et de l'indifférence.

ZOMBI : UNE FIGURE CENTRALE DANS LE METAL