Gaillemin Bérénice (2009-2010)

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Nom : Gaillemin
Prénom : Bérénice
Statut : Doctorante (Paris-Ouest-Nanterre-La Défense/LESC), boursière au musée du quai Branly - Jacques Chirac (2009-2010)

Doctorante en ethnologie sous la direction de Danièle Dehouve (CNRS/EPHE) à l’Université Paris-Ouest-Nanterre La Défense (Ecole doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent), membre du LESC (Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, UMR 7186) et du GEMESO (Groupe d’Études sur la Mésoamérique).

Adresse courriel : berenice.gaillemin(at)quaibranly.fr ou berenice.gaillemin(at)laposte.net

Domaine de recherche

Histoire de l’écriture, manuscrits pictographiques mexicains (XVIe-XIXe siècles). Évangélisation de la Nouvelle-Espagne, catéchismes.
Traduction en langue nahuatl des textes catholiques.

Formation

  • 2005 - D.E.A. Ethnologie, Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
  • 2004 - Licence et Maîtrise Ethnologie, Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense.
    Titre : « Le Mapa de Hueyapan : étude historique et glyphique d’un document pictographique inédit de la Bibliothèque Nationale de France ».
  • 1999-2001 - Premier et deuxième cycle Histoire de l’art et Muséologie, École du Louvre.
  • 1999 - Licence Histoire de l’art, Université Toulouse-le-Mirail.

Sujet de thèse :
Écrire, lire et prier en images au Mexique : les catéchismes pictographiques testériens.

Les recherches effectuées dans le cadre de ma thèse de doctorat s’inscrivent dans la continuité de mon parcours universitaire qui a débuté par des études en histoire de l’art et muséologie. Je me suis ensuite dirigée vers l’ethnologie et ai entamé un apprentissage de la langue nahuatl


Sous la direction de Danièle Dehouve, j’ai alors pu effectuer l’étude ethno-historique d’un manuscrit pictographique inédit conservé à la Bibliothèque Nationale de France. Il s’agissait de la carte peinte d’une région mexicaine (« Mapa de Hueyapan »), dont j’ai identifié la situation géographique tout en m’intéressant à son histoire. Un travail auprès des habitants actuels de la zone combiné à des recherches de fonds d’archives ont permis de formuler des hypothèses solides sur le contexte d’élaboration et l’usage de ce document à l’époque coloniale. Le déchiffrement de ce manuscrit s’inscrivait au sein d’un travail mené en collaboration avec un groupe de recherches mexicain dont le projet visait à la publication et à l’analyse des manuscrits de l’important Fonds Mexicain de la Bibliothèque Nationale de France.

Projet(s) de recherche

Toujours dans le domaine de l’ethno-histoire et en particulier celui de l’étude des manuscrits pictographiques mexicains coloniaux, je m’intéresse aujourd’hui à des documents tout à fait originaux : les catéchismes testériens. Il s’agit de carnets miniatures peints dont on compte une vingtaine d’exemplaires encore localisables aujourd’hui. Leur originalité ne réside pas dans le message catholique qu’ils véhiculent, mais plutôt dans la méthode utilisée pour les rédiger. En effet, c’est au moyen d’images que les prières principales et autres instructions morales, telles que le décalogue, ont été écrits. Ces carnets étaient utilisés par les Indiens afin de mémoriser les textes fondamentaux nécessaires à leur évangélisation. Partant de l’hypothèse selon laquelle ces images peuvent être lues comme de véritables mots, mon travail s’attache à comprendre comment ces pictographies se lisent, à quels mots celles-ci correspondent et si des fonctions scripturales plus particulières peuvent leur être assignées (images-mots, images-sons, etc.).

L’iconographie des testériens est constituée d’images catholiques mêlées à des symboles et des signes (ou « glyphes ») utilisés dans les anciens livres ou « codex » des Indiens. Or, les auteurs de ces carnets restent largement inconnus. Étaient-ils des religieux connaisseurs de l’écriture des codex traditionnels, comme le laisse sous-entendre l’adjectif « testérien », dérivé du patronyme du franciscain Jacobo de Testera, connu pour avoir utilisé des « toiles peintes » pour enseigner la doctrine chrétienne à ses ouailles ? Ou bien étaient-ils d’anciens scribes, héritiers de la tradition scripturale indienne, forcés de s’adapter aux nouvelles contraintes d’apprentissage, de mémorisation et d’écriture imposées par les occidentaux ? Quoi qu’il en soit, ces carnets sont les produits d’une rencontre entre deux idéologies, deux religions, deux manières de peindre et de voir le monde, mais également deux manières d’écrire et, en conséquence, de lire. Si le caractère polysynthétique du nahuatl, la langue des Aztèques, a favorisé l’invention de néologismes pour la traduction de concepts forts éloignés  des conceptions mésoaméricaines, les techniques d’écriture de l’ancien Mexique pouvaient-elles s’adapter et permettre la rédaction d’un texte catholique ?
D’un côté, le corpus de textes contenus dans ces catéchismes est traditionnellement figé.  Il est formulé de façon linéaire et a été préalablement écrit au moyen d’une écriture alphabétique. Son apprentissage devait se faire mot à mot afin de pouvoir être mieux répété lors de la prière individuelle et collective. D’un autre côté, le système d’écriture pictographique développé avant la Conquête ne transcrivait probablement pas des textes de manière linéaire. Les lectures devaient, en conséquence, sensiblement varier à chaque relecture tout en respectant une charpente fixe effectivement écrite/peinte. Ainsi, outre les adverbes de lieu contenus dans les toponymes, aucun glyphe correspondant à des adverbes de temps ou à des conjonctions de coordination n’a été identifié dans les textes pictographiques des codex traditionnels.
L’apprentissage du texte catholique se heurtait donc à une autre manière, mésoaméricaine, de concevoir un récit. L’enjeu est alors de comprendre quels procédés d’enregistrement et de mémorisation ont été agencés afin de permettre un apprentissage de textes dont une des propriétés intrinsèques est leur caractère obligatoirement immuable. Ceci pourra certainement fournir des renseignements sur les auteurs de ces manuscrits originaux. En outre, postulant que le texte pictographique des testériens est la traduction en images de textes catholiques eux-mêmes traduits en langues indiennes, je cherche à déterminer le lien entre certaines images et la langue nahuatl, prenant ainsi en compte le procédé du « rébus ».

L’objectif de cette thèse doctorale est de procéder à une remise en contexte des catéchismes testériens en restituant leur processus d’élaboration et d’utilisation par les différents ordres religieux qui œuvrèrent en Nouvelle Espagne dès le début du XVIe siècle. La lecture et la mémorisation de ces images par les Indiens catéchumènes ou néophytes sont également analysées. Cette recherche complète l’histoire du contact entre les Indiens et les Européens par l’adoption d’un nouveau point de vue tout en enrichissant l’étude des objets et techniques utilisés et réadaptés lors de ce que l’on nomme désormais la « Conquête spirituelle » du Mexique. 

 

Enseignement

Chargée de cours, Université Paris VIII- St-Denis

2008-2009

Le nahuatl et les divinités aztèques : textes et représentations

2007-2008

Nahuatl : contes et devinettes

2006-2007

- Nahuatl : vocabulaire et grammaire pas à pas

- Approche de la langue et de la civilisation des Aztèques

2005-2006

- Textes et fêtes au Mexique

- Introduction à la langue écrite dans les manuscrits aztèques.

2004-2005

- Introduction à la langue et à la civilisation des Aztèques

Publications

Publications Articles

- CD-Rom « El mapa de Hueyapan ». Dictionnaire multimédia de glyphes de tradition aztèque, analysés à partir d’un manuscrit conservé à la BNF, Projet Amoxcalli, CIESAS de Mexico, 2007. 

·- « El mapa de Hueyapan », Quaderni di Thule, Rivisti italina di studi americanistici, Atti del XXVI Convegno Internazionale di Americanistica, Perugia (Italia), maggio 2004, pp.157-161.

- « Vivre et construire la mort des animaux : le cimetière d’Asnières », Ethnologie française, 2009, 3, tome XXXIX, p.495-507.

http://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2009-3-p-495.htm

 

Comptes-rendus

- Éric Roulet, L’évangélisation des Indiens du Mexique : impact et réalité de la conquête spirituelle (PUR, Rennes, 2008), Cahiers des Amériques latines, n°54-55, p.240-242.

- Pierre Déléage, La croix et les hiéroglyphes. Écritures et objets rituels chez les Amérindiens de Nouvelle-France (XVIIe-XVIIIe siècles) (Rue d’Ulm-Musée du Quai Branly, Paris, 2009), Gradhiva, à paraître.