Identité
Stéphanie LECLERC CAFFAREL
Chercheur, post-doctorante, Musée du quai Branly (2014-2015)
http://fr.linkedin.com/in/sleclerccaffarel/
Domaines de recherche
Terrain : Fidji
Domaines de recherche : relations précoloniales entre insulaires du Pacifique et Euro-Américains, échanges, culture matérielle, collections muséales, matériaux précieux, objets de prestige, agentivité (agency) indigène, agentivité (agency) des objets
Disciplines : histoire de l’art, anthropologie de l’art
Formation
2013 — PhD (World art studies) à la Sainsbury Research Unit for the Arts of Africa, Oceania and the Americas, University of East Anglia (Norwich, Royaume-Uni)
Thèse : “Early exchange relations between Fijians and Euro-Americans (1774-1854), with reference to museum collections”
Directeur de thèse : Pr. S. Hooper
2008 — Master/Diplôme de deuxième cycle de l’Ecole du Louvre (recherche en histoire de l’art appliquée aux collections).
Mémoire sur les collections Dumont d’Urville en provenance de Fidji
2007 — Maîtrise/Diplôme de muséologie de l’Ecole du Louvre
Mémoire sur la collection fidjienne ancienne du Musée du quai Branly
2006 — Licence/Diplôme de premier cycle de l’Ecole du Louvre (histoire de l’art, cours organique : Arts d’Océanie)
Projet de recherche (2014-2015)
« Iyau vakaviti, iyau vakavalagi : matériaux précieux et objets de valeur à Fidji (1774-1854) »
Ce projet de recherche consiste à compléter et à poursuivre l’analyse de mon corpus doctoral en l’abordant sous un angle nouveau, celui de l’agentivité (agency) des objets. Ma thèse était une étude interprétative des collections de musées. Elle visait à mieux comprendre les relations d’échange entre les Fidjiens et les Occidentaux de 1774 (première visite de J. Cook à Fidji) à 1854 (conversion du chef fidjien Cakobau au Christianisme). Elle s’organisait de façon chronologique, par types de partenaires d’échange euro-américains (marchands, explorateurs-cartographes et missionnaires). Si elle permettait de discuter la nature et les problématiques de ces interactions, ainsi que le rôle des objets en leur sein, elle laissait en revanche peu de place à une analyse transversale de ces mêmes objets d’échange, perçus comme des vecteurs d’intentions humaines (en particulier fidjiennes) plutôt que comme des entités actives ayant d’elles-mêmes une part à jouer dans les échanges. C’est cet aspect que j’aimerais maintenant développer ; plutôt que de focaliser sur les types de partenaires d’échange, me concentrer sur les types d’objets et de matériaux. Sans négliger les agentivités humaines en jeu, en particulier l’agentivité indigène (indigenous agency) qui était au cœur de ma thèse, j’aimerais travailler sur l’agentivité des objets telle qu’elle a été récemment définie par Harrisson (2013), à partir du concept d’agency de Gell (1998). D’après Harrisson, ce qui nous intéresse en premier lieu c’est l’aptitude des objets « à faire une différence » (2013, p.17). Afin d’élucider cette « capacité » (ability), les moyens de son efficacité et les sphères de son action, je propose de mener une analyse systématique et chronologique de certaines pièces considérées comme des objets de valeur à Fidji (iyau), ainsi que des matériaux qui les composent, locaux comme importés. Au premier titre de ceux-ci, l’ivoire de baleine, reconnu comme objet de valeur suprême (Hooper 2013), servira de référence et de point de départ. Quelles qualités physiques, visuelles et symboliques en firent historiquement le matériau le plus valorisé à Fidji, propre à exprimer des préoccupations tant spirituelles que temporelles ? Quels matériaux soutiennent la comparaison ? Comment de telles équivalences ont-elles évolué au cours du temps ? Comment s’expriment-elles ?
Dans un premier temps, il s’agira de reprendre les données de ma thèse pour étudier l’évolution de l’aliénabilité (Weiner 1985, 1992 ; Godelier 1996, 2004) de certains iyau et de leur matériaux constitutifs. Ainsi, la dévaluation de la nacre d’huître perlière (civa) sera problématisée en lien avec l’avènement des objets en ivoire ; ces derniers considérés comme des émanations du contact avec les Tongiens et avec les Euro-Américains qui en importèrent de large quantités à Fidji pendant la première moitié du XIXème siècle. Dans un second temps, il conviendra de s’interroger plus largement sur les agentivités matérielles perceptibles dans les échanges entre les Fidjiens et les Occidentaux et, de fait, dans les collections de musées qui en sont issues. Une attention particulière sera portée à la capacité des objets à « captiver » ou à « enchanter » (Gell 1998, 1992) et aux modes d’action de cette efficacité (mana en fidjien). Afin de l’interroger et de l’expliquer je me concentrerai sur les aspects technologiques, intrinsèques et symboliques qui font de certains objets et matériaux des iyau pertinents. Les couleurs, les propriétés de réflexion de la lumière, la densité, l’origine (marine ou terrestre), les analogies mythologiques et les associations humaines de tels iyau seront notamment discutées en référence à deux concepts anthropologiques clés. Dans un premier temps, je propose de m’appuyer sur les travaux de Forge (1973) sur la communication non-verbale ; puis de m’attacher à problématiser le concept d’agentivité de Gell (1998). En écho, par exemple, au concept de « charisme » formulé par Wingfield (2010) j’interrogerai aussi la continuité de ces agentivités matérielles dans les musées contemporains, y compris à Fidji.
Publications
(A paraître en ligne) « Masi des collections fidjiennes anciennes : marqueurs chronologiques. Musée du quai Branly: publication en ligne » (http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/manifestations-scientifiques/manifestations-passees/seminaires-et-journees-detude.html)
2013 “Fish Pendant Necklace,” in A. Herle & L. Carreau, Chiefs and Governors. Cambridge: Museum of Archaeology and Anthropology, p. 93 94.
2013 “The Oceanic collections of Gaston de Rocquemaurel,” Journal of Museum Ethnography, 26, (à paraître).
2013 avec J.-P. Zanco “A disillusioned explorer: Gaston de Rocquemaurel or the culture of French naval scholars of the first part of the 19th century” Terrae Icognitae, 45(2), p.113 127.
2010 « Carlo Severi, Le Principe de la chimère?: une anthropologie de la mémoire (compte-rendu d’ouvrage). Gradhiva, 11, p.230 232.