Ludovic Coupaye

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Art, Technologie et "agency" : les Grandes Ignames des Abelam de Nyamikum, Papouasie Nouvelle-Guinée

le projet du post-doctorat

Ce projet doit aboutir à un ouvrage en anglais basé sur sa thèse qui décrit la culture d’ignames de 3 mètres de long, récoltées et exposées dans des conditions spéciales par les Abelam de la Papouasie Nouvelle Guinée. Celles-ci sont décorées et présentées publiquement dans le cadre de cérémonies annuelles, avant de faire partie des objets circulant lors d’échanges compétitifs entre partenaires rituels. Leur caractère évidemment phallique a bien souvent occulté à nos yeux les multiples dimensions qu’un tel « artefact » concrétise. C’est le savoir technique, botanique et horticole, les rapports secrets entre les différents acteurs – parents, alliés, esprits et ancêtres – et la cosmologie qui est mobilisée dans l’obtention des grandes ignames. Ce sont également ces composantes qui leur donnent une efficacité esthétique et une valeur dans les échanges. C’est du fait qu’elles matérialisent des relations, que les grandes ignames pourraient bien tirer leur pouvoir d’en générer d’autres et de créer du lien social.

Parcours et travaux

Ludovic Coupaye a fait ses études sur les arts d’Océanie et d’Afrique à l’Ecole du Louvre, avant de se former à l’archéologie à Paris-I. Il a ensuite choisi l’exil en Angleterre à la Sainsbury Research Unit for the Arts of Africa, Oceania and the Americas (SRU) à l’Université d’East Anglia, Norwich, ou il a fait une thèse documentée par un terrain de dix-huit mois dans un village Abelam de Papouasie-Nouvelle-Guinée (East Sepik Province), soutenue en 2004. Il a été le commissaire scientifique d’une exposition sur les collections océaniennes du musée des Beaux-Arts de Périgueux en 1998. Il a enseigné, avec Philippe Peltier, les arts d’Océanie à l’Ecole du Louvre, de même que l’anthropologie de l’art et de la culture matérielle à l’Université d’East Anglia, ou il est actuellement Honorary Research Associate. Il a également collaboré à l’exposition « Pacific Encounters » au Sainsbury Centre for Visual Arts de Norwich (2006). Il partage son temps entre son projet au musée du quai Branly - Jacques Chirac et les cours donnés aux étudiants de l’Ecole du Louvre spécialisés en arts d’Océanie.

Puisant dans l’archéologie, la muséologie, l’histoire de l’art et l’anthropologie, ses intérêts scientifiques sont centrés autour des problématiques liés aux objets, du point de vue des opérations et savoirs techniques qui les entourent, comme de la matérialisation des rapports sociaux et culturels. Il tente actuellement de rapprocher la spécificité française de l’anthropologie des techniques (d’André Leroi-Gourhan à Pierre Lemonnier), avec la veine anglo-saxonne des « Material Culture Studies » centrées sur la notion de consomption. L’art n’est jamais absent de son analyse puisqu’il considère, avec d’autres, que les phénomènes esthétiques font partie des « technologies d’enchantement», comme véhicule d’une intention socialisante, en parallèle aux messages qu’ils transmettent. En relation avec cet intérêt pour les systèmes techniques, sa curiosité se porte également sur l’histoire de l’anthropologie de l’art, la notion de métaphore matérielle, les fractales et les systèmes non-linéaires, les phénomènes rituels et les rapports à l’environnement.

Quelques publications
1998 – “Oceanie” in Terre d’Echanges Aquitaine-Océanie, dirigé par Véronique Merlin-Anglade. Bordeaux: ACMA, pp.53-137.
2007 – “Des Portraits Abelam”, in Arts & Cultures 2007, pp.258-275. 
à paraître – "Beyond Mediation: Long Yams cultivation and display in the Maprik Area of Papua New Guinea”, in Art Histories: Global and Local Mediations, dirigé par Celina Jeffrey & Gregory Minissale. Cambridge: Cambridge Scholar Press.