Chifa. La culture chinoise au Pérou
Résidence photographiques 2010
Avec son regard de photojournaliste, Roberto Caceres explore la communauté chinoise implantée au Pérou depuis la première vague d’immigration (1849). Les anciens coolies chinois se sont peu à peu implantés à Lima, Huaral et Chancay, pour y ouvrir de petites échoppes ou des restaurants appelés chifas. Venant du verbe « manger » (chi fan en chinois), le mot chifadésigne aujourd’hui les restaurants péruviens-chinois.
« Je reconnais que c’est principalement à travers la cuisine des chifas que j’ai été en contact avec les traditions chinoises au Pérou. Malgré la profonde influence de la culture chinoise au Pérou, j’étais donc relativement ignorant, en commençant ce projet, de la façon dont la communauté chinoise avait intégré la société péruvienne. Pendant ce travail d’exploration photo-documentaire, j’ai mesuré les différences existant entre les tusanes, c'est-à-dire les résidents péruviens d’origine chinoise, et les Chinois récemment immigrés. Alors que les tusanes sont généralement des citoyens aisés, ou appartenant aux classes moyennes, les immigrés récents habitent des espaces réduits, bondés, et vivent à la petite semaine. Cette dernière génération d’immigrés constitue également une communauté plus fermée que celle des tusanes.
J’ai eu beaucoup de mal à expliquer mon projet et j’ai dû souvent me présenter avec une lettre écrite en Chinois. À deux reprises, j’ai été chassé de certains endroits, où ma présence était suspecte et où les gens ne comprenaient pas le but de mon travail. L’influence chinoise au Pérou se révèle dans de nombreux secteurs de la société péruvienne. On trouve par exemple beaucoup d’adeptes des arts martiaux dans les zones andines et amazoniennes, et les Péruviens, sans être d’origine asiatique, souscrivent aux croyances et aux pratiques traditionnelles de guérison chinoise. »
- Résidence réalisée au Pérou