Ceci est une photographie. Portraits de studios indiens
du 14 septembre 2023 au 15 janvier 2024
Introduite par les Britanniques dès 1840, la photographie s’installe durablement en Inde. Des studios ouvrent d’abord dans les grandes villes telles que Madras, Calcutta et Bombay, avant de s’implanter dans des localités plus petites à partir des années 1880. Nombre d’entre eux proposaient des services de retouches et de colorisation. La pratique de la photographie peinte, qui connaît une grande diversité de formes et d’usages en Inde, perdure tout au long du XXe siècle, en particulier pour les portraits mémoriels destinés à préserver le souvenir des proches.
Le portrait, réservé dans un premier temps à l’élite indienne et britannique, est adopté avec enthousiasme par les familles princières au XIXe siècle. Il devient, au cours du XXe siècle, le genre photographique le plus populaire en Inde, progressivement accessible aux personnes issues de milieux plus modestes souhaitant accéder à la figuration d’elles-mêmes et de leurs proches.
Dans son attention portée aux pratiques locales et vernaculaires de la photographie, le musée du quai Branly - Jacques Chirac a fait l’acquisition de plusieurs portraits réalisés par des studios indiens pour une clientèle locale, dont un ensemble important de portraits peints de studios établis dans le Tamil Nadu dans le sud de l’Inde. Arborant des styles et des factures très hétérogènes, ces portraits savamment composés et construits, sont parfois rehaussés de couleurs vives et opaques, parfois recouverts d’un camaïeu de gris ou de bruns.
Témoins essentiels d’une production locale de grande ampleur, peu visible dans les collections muséales européennes, ces portraits sont aussi des éléments clés pour nourrir une histoire sociale et culturelle de la photographie dans cette région.
- Commissaire de l’accrochage : Annabelle Lacour, responsable de collections Photographies.