Depuis 2013, le musée de l’Intermédiathèque de Tokyo présente tous les ans une sélection d’œuvres issues des collections du musée quai Branly – Jacques Chirac. Cette année, suite à l’exposition "Madagascar : Arts de la Grande île", le musée a prêté une dizaine de sculptures en lien avec les mondes invisibles qui ont profondément marqué les arts malgaches.
"À Madagascar, la croyance en un monde parallèle à celui du monde des vivants est très forte. De nombreux objets évoquent cet espace dans lequel évoluent des êtres immatériels -puissance suprême, ancêtres, esprits et forces naturelles.
Les amulettes protègent l’individu, la famille, le lignage ou la communauté. Ces charmes ody et sampy sont constitués parfois simplement d’une liane nouée ou d’un d’assemblages complexes d’éléments végétaux (bois, racines), animaux (graisse de zébu, dents de crocodile) et manufacturés (perles, balles de fusils)
Ces composants sont souvent placés dans un réceptacle : une corne ou un contenant en forme de corne, parfois doté de petites figurines sculptées. C'est l'ombiasy, qui cumule la fonction de devin et de guérisseur, qui diagnostique un problème et compose le remède et l’amulette. Les esprits des ancêtres ou les puissances de la nature apporteront guérison ou succès aux détenteurs de ces talismans.
Les tombeaux jouent un rôle fondamental dans l'hommage rendu aux ancêtres et fonctionnent comme de gigantesques objets protecteurs, permettant aux descendants du défunt d’entrer en contact avec l’au-delà. Les sculptures funéraires sont des signes ostentatoires de prestige et de richesse de la famille du défunt. La fertilité, pour les figures féminines, la capacité à engendrer, pour les statues masculines, sont clairement exprimées dans la sculpture. D’autres thèmes évoquent d’autres formes de réussites sociales avec les images de la modernité (avions, voitures) qui sont placées au sommet des poteaux funéraires les plus contemporains."
Yves Le Fur, Directeur du département du Patrimoine et des Collections.