Les deux séances consacrées au cinéma de fiction sont traversées par deux grands motifs dont l’association étroite constitue le point commun des trois films : l’eau et la mort. 

Ces films adoptent un point de vue plus intime et convoquent des motifs ancrés dans les cultures ouest africaines en les transcrivant avec tous les codes de la modernité à l’écran. Les films des deux pionniers du cinéma ouest africain entrent en résonnance avec le film de Mati Diop, incarnation d’une génération héritière et créative. Atlantique est le film le plus politique des trois tout en reprenant le choix de traiter le motif du point de vue des individus, de leurs relations, de leurs affects et de leur destin propre.

Atlantique, un film de Mati Diop

sénégal, 2019, 115 min - fiction, VOFR, couleur

Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu'il aime, Ada, promise à un autre homme.

Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s'emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.

Mati Diop est issue d’une filiation inspirante, celle de son père, le musicien Wasi Diop et de son oncle, Djibril Diop. Elle étudie au Pavillon, laboratoire de recherche artistique du Palais de Tokyo en 2006, puis au Studio national des arts contemporains Le Fresnoy en 2007. Pendant contemporain aux deux films de la séance précédente, Atlantique s’inscrit dans l’héritage de l’association entre l’eau et la mort dans l’univers fictionnel du Sénégal. Les thèmes de l’invisible, de l’intériorité et de la fatalité se déploient jusque dans la composition musicale de Fatima Al Qadiri. Mati Diop s’engouffre également dans l’actuelle et terrible réalité de l’abîme d’une jeunesse sénégalaise qui disparait en mer en tentant de gagner d’autres horizons.