Avec Rondônia (comment je suis tombé amoureux d’une ligne), l’artiste belgo-brésilien Emilio Azevedo remonte le fil d’une histoire inscrite dans les paysages amazoniens. En suivant la trace d’une ancienne ligne télégraphique traversant l’Amazonie, il explore la manière dont les images, les cartes et les récits ont façonné un territoire, et les imaginaires qui l’accompagnent.
Lauréat du Prix pour la photographie du musée du quai Branly-Jacques Chirac en 2020, Emilio Azevedo s’est plongé dans les missions militaires et ethnographiques menées par l’État brésilien entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Dirigées par le maréchal Cândido Rondon, ces expéditions avaient pour objectif de tracer une ligne télégraphique à travers l’Amazonie : un projet à la fois technique, politique et symbolique, destiné à faciliter l'exploitation des ressources naturelles et la délimitation des frontières du pays.
Ces explorations ont profondément transformé la région, marquant le paysage de routes, de frontières et de cicatrices écologiques. En s’appuyant sur les archives photographiques de la mission Rondon, conservées notamment au musée du quai Branly et au Museu Histórico do Exército à Rio de Janeiro, Emilio Azevedo retrace cette aventure à travers ses propres voyages dans l’État de Rondônia, où la route Transamazonienne BR 364 suit encore le tracé de la ligne du télégraphe.
Dans son projet, la « ligne » devient un motif central, à la fois réel et métaphorique : symbole de la modernité, mais aussi de la division et du contrôle. En revisitant les gestes et les codes de la photographie d’exploration, l’artiste interroge le regard inscrit dans ces images. Il compose de nouvelles photographies qui révèlent les absences et les silences des récits officiels, tout en rendant sensibles les présences humaines et naturelles souvent effacées par l’histoire.
Inspiré par la pensée du poète et philosophe Édouard Glissant, Azevedo revendique une « (po)éthique de l’opacité » : une manière d’aborder le réel sans chercher à tout nommer ni tout clarifier, de préserver des zones de mystère et de résistance. À travers Rondônia (comment je suis tombé amoureux d'une ligne), il propose ainsi une autre lecture de la modernité brésilienne : moins triomphante, plus fragile, profondément liée aux paysages et aux mémoires de l’Amazonie.
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Billet d'entrée MuséePlein tarif : 14,00 €Tarif réduit : 11,00 €
- Lieu : Boîte arts graphiques
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Dates :
Du mardi 07 octobre 2025 au dimanche 25 janvier 2026 de 18:46 à 10:00 -
Accessibilité :
- Handicap visuel,
- LSF,
- Handicap auditif (sans T),
- Handicap auditif bim (T),
- Handicap mental,
- Handicap moteur
- Public : Tous publics
- Categorie : Expositions