Rencontre en marge de l’exposition "Dinh Q. Lê - Le fil de la mémoire et autres photographies" avec Jacqueline Hoàng Nguyễn et Marie-Agathe Simonetti autour de leurs recherches doctorales sur le rôle de la photographie dans l’histoire politique du Việt Nam avant 1930.
Si l’histoire de la photographie vietnamienne est encore peu connue, elle a fait l’objet d’une attention accrue ces dernières années. Participant de cette dynamique, les thèses en préparation de Marie-Agathe Simonetti et Jacqueline Hoàng Nguyễn ont en commun de s’intéresser aux liens entre les photographes et les milieux nationalistes vietnamiens à l’époque coloniale et à la circulation de leurs images entre l’Indochine et la France. Ces recherches suscitent ainsi une exploration des frontières poreuses entre image privée et image publique, entre propagande et document, et entre mémoire et histoire — autant de thématiques chères à Dinh Q. Lê.
Jacqueline Hoàng Nguyễn (Konstfack / KTH École royale polytechnique, Stockholm) est artiste plasticienne. Né d’un album photographique de famille, son projet doctoral à la fois artistique et historique vise à éclaircir le parcours des photographes de studio vietnamiens depuis les années 1860. Elle présentera ses découvertes récentes sur le lettré Đặng Huy Trứ, fondateur d’un atelier à Hanoï en 1869, pour qui la photographie participait d’un projet de modernisation du Việt Nam, ainsi que sur les années françaises du photographe Khánh Ký (Nguyễn Đình Khánh), entre 1912 et 1924.
Historienne de l’art, Marie-Agathe Simonetti (University of Wisconsin–Madison / boursière au Centre Allemand d’Histoire de l’Art, Paris) s’intéresse aux usages politiques de la photographie à l'époque de l’exploitation de l’Indochine française (1897–1954), tant du côté colonial que du côté révolutionnaire vietnamien. Elle présentera le deuxième chapitre de sa thèse, qui examine la portée révolutionnaire de photographies réalisées par Khánh Ký lors des funérailles du nationaliste Phan Châu Trinh à Saïgon en 1926, et publiées dans la presse vietnamienne avec des portraits de militants anticoloniaux.
Cette rencontre mettra en lumière une corrélation prégnante entre les milieux nationalistes, lettrés et photographiques vietnamiens dès les années 1860 et précisera le rôle essentiel de Khánh Ký dans la mobilisation du potentiel politique de la photographie avant la création du Parti communiste vietnamien en 1930. Elle soulignera ainsi comment la photographie, largement exploitée pour promouvoir le projet colonial français en Indochine, fut également un vecteur de résistance anticoloniale.
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Lieu : Salon de lecture Jacques Kerchache
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Dates :
Le mercredi 04 mai 2022 de 17:00 à 18:45 -
Accessibilité :
- Handicap auditif bim (T),
- Handicap moteur
- Public : Tous publics
- Categorie : Les RDV du salon de lecture Jacques Kerchache