Placé au centre du dispositif, le public devient le témoin privilégié d’une conversation entre les musiciens du Balcon et les instruments issus des collections du musée dont les histoires singulières se dévoilent au fil du dialogue et d'extraits d'archives sonores.

Peu à peu, l’espace se transforme en un archipel instrumental où se connectent les époques et les traditions.

Un échange inédit entre passé, présent et futur, occasion unique de redécouvrir notre relation aux sons dans un cadre exceptionnel.

Quand la musique s’élève parmi masques dogons et objets sacrés…Un concert hors-normes au musée du quai Branly (Oriane Jeancourt Galignani, Transfuge)

note d'intention

Par Augustin Muller

Point de départ de la réflexion sur le projet et grand moment de découverte pour nous, la collection d’instruments nous a amenés à questionner leur relation à la mémoire des cultures humaines, et la relation que nous, musiciens, pouvons établir avec eux. Ces instruments portent en eux tout un monde d’expressions musicales, mais aussi une histoire et un sens particuliers ; ils sont les témoins de circonstances historiques, qui peuvent être lointaines dans le temps et dans l’espace. Ils sont porteurs de sens dissimulé pouvant être lié à une fonction rituelle ou magique mais sont aussi des instruments joués, avec lesquels des luthiers et des musiciens ont pu tisser successivement un lien intime. Les instruments exposés et disséminés dans l’espace de jeu et complétés d’un haut-parleur dédié, créent ainsi un ensemble de pôles acoustiques, véritables antennes spirites qui colorent l’espace d’écoute.

Les observer peut nous permettre d'établir une autre relation avec eux, et nous amener à nous interroger sur notre rapport à nos propres instruments, éclairant une part d’intimité éclairant un lien intime avec notre époque et notre identité. Nous pouvons tenter d’écouter à travers eux, les laisser entrer en résonance avec le lieu et nous questionner.
Le projet intègre des archives sonores et des extraits d’enregistrements vocaux issus d’entretiens menés avec les musiciens du Balcon sur leur pratique et leurs instruments personnels. Dans cette démarche d’introspection, nous tissons à la fois des liens avec des instruments lointains, mais aussi avec la mémoire et la sensibilité des auditeurs. Ces extraits, colonne vertébrale de la pièce, sont intégrés au discours instrumental.

Dans une disposition d’instrumentistes et de hauts-parleurs en constellation, la question de la multiplication des points de vue est primordiale : elle permet la circulation des éléments musicaux entre les instruments parlants et les instruments joués, ainsi que le déploiement de l’écriture dans l’espace architectural du musée.

La relation d’écoute et d’observation entre les instrumentistes et les œuvres-instruments mène à une hybridation des timbres. L’effectif instrumental est conçu de manière à couvrir une large part du spectre, ainsi que des familles instrumentales (vents, cordes frottées, harpe, percussions, et clavier),
tout en se fondant sur des instruments-personnalités très autonomes. La voix chantée, qui apparaît à un certain moment de la pièce, matérialise une présence proche dans un espace acoustique en contact avec des instruments et un langage lointains.