Le réchauffement climatique et les risques renouvelés de guerres demandent d’explorer les grandes catastrophes qui frappent et ont frappé l’humanité. Elles sont tantôt naturelles, tantôt de fabrication culturelle et de main d’homme… sans oublier la catastrophe divine dans la religion.
La grippe espagnole
La grippe dite « espagnole » a tué entre 20 et 50 millions de personnes dans le monde entre mai 1918 et avril 1919. C’est une des pandémies les plus rapides et les plus ravageuses de l’histoire moderne. Elle a commencé aux Etats-Unis avant de se diffuser en Europe, en Afrique et en Asie du fait des mobilisations de la fin de la guerre. Si la censure exercée par les autorités militaires conduit à une grande incertitude sur le nombre de cas réels, les recherches historiques ont permis de documenter la pandémie à partir de sources médicales. Surtout, les recherches virologiques ultérieures ont conduit à en mieux comprendre les causes originaires et les conditions de diffusion.
En s’appuyant sur ces recherches récentes, cette conférence interrogera la signification de la grippe espagnole, comprise comme catastrophe naturelle ouvrant le siècle et redoublant la catastrophe politique que fut le conflit mondial. Elle restituera d’abord les témoignages des hommes qui ont vécu cette double catastrophe, puis elle décrira les efforts des autorités sanitaires pour contrôler la pandémie. Enfin elle montrera comment la grippe espagnole fut le point de départ d’une mobilisation scientifique et politique visant à se préparer aux prochaines pandémies de grippe « porcine » ou « aviaire ». En replaçant la grippe espagnole parmi les autres maladies infectieuses qui ont accompagné les mouvements des populations à travers le globe, il s’agit d’interroger les relations entre les hommes, les animaux et les microbes.
Frédéric Keck
Né en 1974 à Lyon, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Paris, Frédéric Keck a étudié l’anthropologie à l’Université de Californie à Berkeley. Titulaire d’une thèse de doctorat en philosophie, il a publié plusieurs ouvrages sur Claude Lévi-Strauss et contribué à l’édition de ses Œuvres dans la « Bibliothèque de la Pléiade » en 2008.
Entré au CNRS en 2005, il y a mené des enquêtes ethnographiques sur les crises sanitaires causées par les maladies animales. Lauréat de la fondation Fyssen en 2007-2008, il a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2011. Membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France, il y dirige l’équipe « Relations hommes/animaux : questions contemporaines » (avec Carole Ferret) et le projet « Représentations sociales des pathogènes aux frontières d’espèces ».
Il a enseigné l’histoire de la philosophie et l’anthropologie sociale à l’Université Lille III, à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, au Centre Franco-Argentin de l’Université de Buenos Aires, à l’Université Meiji de Tokyo et à l’Université Ritsumeikan de Kyoto.
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Durée : 01:30
- Lieu : Théâtre Claude Lévi-Strauss
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Dates :
Le vendredi 21 décembre 2018 de 18:30 à 20:00 - Public : Tous publics
- Categorie : Histoire des catastrophes