Playlist "Amazônia"

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Mettez-vous dans l’ambiance de l’exposition Amazônia avec cette playlist réalisée par l'ethnomusicologue Renaud Brizard.

En écho à l’exposition Amazônia, cette playlist offre un aperçu de la création musicale contemporaine des populations autochtones des différents pays de l’Amazonie.
Reggae guyanais, pop shuar, rap engagé au Mato Grosso, cumbia au Pérou, balades romantiques à Belém, sont autant d’espaces d’expression artistique que de revendication des identités et des droits autochtones, en résonance avec les luttes antiracistes, écologistes, féministes et queer.

Shasha, de son vrai nom Shanice Thérèse, 18 ans, vient de Prospérité, un petit village de 320 habitants situé dans l’ouest de la Guyane française, à une quinzaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, et connu pour sa lutte contre un projet de centrale électrique.
Elle écrit et chante en langue kali'na et son style musical est le reggae. Elle est accompagnée par le trio Senuka, un groupe bien connu des Guyanais.
En 2025, elle a été élue « Révélation guyanaise de l’année » aux Lindor, l'équivalent des Victoires de la musique en métropole, avec le titre « Siritjo Yepoli ».
Elle enchaîne les prestations à travers toute la Guyane et le Suriname. Son deuxième single « Amano Tjopama », qui signifie « la vie n'est plus comme avant », parle des changements de mode de vie subis par sa communauté et du fort taux de suicide, notamment chez les jeunes.

Pour la suivre sur Instagram : @_s.h.a.s.h.a_trs

LA RÉVÉLATION GUYANAISE : SHASHA

Le Pará est un État du nord du Brésil qui entoure l'estuaire du fleuve Amazone. Deuxième État du pays par sa taille, il fait entièrement partie de l’Amazonie. L’une de ses régions, le Baixo Tapajós compte treize populations autochtones.

En 2016, huit artistes y ont fondé Suraras do Tapajós : le premier groupe de carimbó (à la fois un tambour, une danse et un rythme emblématiques de cet État) créé par des femmes autochtones brésiliennes. Elles utilisent la musique comme outil pour lutter contre le racisme, la violence contre les femmes et l'invisibilité des peuples autochtones.

As Karuana est un collectif formé par des femmes autochtones de différentes communautés (Borari, Tapajó, Kumaruara et Tupinamba) de la même région du Baixo Tapajós. L’année de sa création a été marquée par une pollution fluviale particulièrement intense sur le territoire Borari. Elles ont alors décidé d’agir et d’utiliser la musique pour la défense des rivières, des forêts et des peuples autochtones.

Pour les suivre sur Instagram : @surarasdotapajos @as_karuana

DES COLLECTIFS DE FEMMES ENGAGÉES AU PARÁ, BRÉSIL

Nawa Siã Huni Kuin est un jeune chef spirituel et artiste originaire du village de Pinuya dans l’État d’Acre au Brésil, à la frontière péruvienne. Il appartient à la communauté Huni Kuin. Il est reconnu pour ses recherches sur les chants traditionnels et pour ses chansons et mélodies originales. Il s’accompagne d’une guitare acoustique. Pour la chanson « Jiboia Encantada », publiée en 2023, il a collaboré avec Kupi, un autre chef spirituel de son village. Le jiboia, dans la cosmologie du peuple Huni Kuin, représente le serpent ancestral, qui a apporté à son peuple la connaissance de la médecine de la forêt. Il a une forte valeur symbolique et est le sujet de nombreux chants traditionnels.

Chanteuse du peuple Ticuna/Magüta, l’une des nations autochtones les plus importantes d’Amazonie (autour de 60 000 personnes), Djuena Tikuna est originaire de la région d'Alto Solimões, dans le Sud-Ouest de l'État de l'Amazonas au Brésil. Elle a grandi dans la communauté Umariaçu II, où le fleuve Amazone forme la frontière entre le Brésil, le Pérou et la Colombie. Sa musique acoustique est dépouillée mais puissante, portée par sa voix habitée et ses textes forts en langue ticuna. En 2017, elle est devenue la première artiste autochtone à se produire au Théâtre Amazonas de Manaus depuis sa création, 120 ans auparavant. Elle se produit dans le monde entier. Sa chanson « Maraka'anandê », dont le titre signifie « la célébration de nos maracas », invite à l’unité des peuples autochtones et est une collaboration avec la chanteuse Marlui Miranda.

Zaynara est une chanteuse et compositrice brésilienne née à Cametá, au nord-est de l'État du Pará, appartenant au peuple tupinamba. Elle jouit d’une popularité importante et est signée sur une grande maison de disques. Ses chansons sont généralement des balades romantiques dans le style local appelé brega. « Sou do Norte », publié en 2024, se distingue par son inspiration musicale caribéenne, à savoir le rythme et les sonorités de clavier que l’on retrouve dans le kompa haïtien et le zouk des Antilles françaises. Elle est une invitation à découvrir la vie dans l’État du Pará et l'héritage de son peuple. Le clip a été entièrement tourné dans la ville natale de la chanteuse.

Kaê Guajajara se définit comme « diva pop autochtone ». Quand elle était enfant, elle a dû quitter avec sa famille son village natal, dans l’État du Maranhão, à cause des exploitants forestiers. Elle appartient à la communauté Guajajara et son territoire n’était pas officiellement reconnu par le Brésil. Elle a donc passé le reste de sa jeunesse dans le quartier de Maré, une favela de Rio de Janeiro. Elle chante et rappe, en portugais brésilien et en ze’egete, la survie des peuples autochtones notamment en milieu urbain. Sa chanson « Sumaúma », issue de son troisième album Forest Club, paru en 2024, fait référence à l’arbre géant du même nom. Elle mêle les influences traditionnelles, électroniques, hip-hop et baile funk (un genre musical né dans les favelas de Rio). Elle a fondé le label Azuruhu pour promouvoir les artistes autochtones.

Valaia est une chanteuse venue de Leticia, la capitale du département d'Amazonas en Colombie. Elle est située aux confins des frontières entre le Brésil et la Colombie. Sa musique se nourrit de la rencontre de ces deux cultures et puise autant dans le reggaeton colombien que dans le baile funk brésilien. « Tacarita » est sa dernière chanson en date.

Pour les suivre sur Instagram : @nawasia_pinuya @djuenatikuna @zaynaraa @kaekaekae @valaia__

NOUVELLES VOIX AUTOCHTONES

Une scène hip-hop indigène a peu à peu émergé au Brésil dans les années 2000, réunissant de jeunes artistes issus de diverses ethnies, qu’ils vivent dans des villages isolés au cœur de la forêt ou dans les principales villes du pays.

Les pionniers de ce mouvement sont les Brô MC’s, un groupe formé par deux fratries originaires du Mato Grosso do Sul, un État situé à la frontière avec le Paraguay et la Bolivie, et appartenant au peuple guarani-kaiowá. Leurs textes militants, entre guarani et portugais, dénoncent les violences subies par les populations autochtones, notamment les expropriations par les grands propriétaires terriens. En 2024, ils ont participé au projet The Future Is Ancestral du DJ brésilien ALOK qui a rassemblé plus de 50 musiciens autochtones, originaires de huit régions brésiliennes.

Katú Mirim est une artiste et activiste brésilienne. Elle est basée à São Paulo où elle a grandi après son adoption à l’âge de 11 mois par la famille d’un pasteur. Elle a découvert à l’âge de 13 ans qu’elle était d’ascendance bororo et n’a cessé depuis de se reconnecter avec ses racines et sa communauté. Elle est une figure incontournable de l’activisme indigène et LGBTQ+ : en 2019, elle a fondé le collectif en ligne Tibira qui regroupe des autochtones queer. C’est à la même période qu’elle a commencé à publier sa musique : un rap militant à l’ambiance futuriste et aux influences électroniques et rock.

Pour les suivre sur Instagram : @katumirim @gabyamarantos
Pour en apprendre plus sur le projet The Future Is Ancestral : institutoalok.org

RAP AU MATO GROSSO

La ville de Belém est la capitale de l'État du Pará, dans le Nord du Brésil. Ville de musique, elle a donné naissance à deux grandes musiciennes, ambassadrices du carimbó et de la tecno-brega.

Née en 1939, Dona Onete a été tour à tour professeure d’histoire, chercheuse, syndicaliste ou secrétaire à la Culture de l’État du Pará. Durant sa vie, elle a fondé de nombreux groupes de musique et de danse régionales et elle est considérée comme la diva du carimbó dit « flamboyant ». Le carimbó désigne aussi bien un tambour, qu’une danse et qu’un rythme. Il est devenu patrimoine culturel immatériel du Brésil en septembre 2014. Dona Onete a attendu ses 73 ans pour publier son premier album en 2012. « No meio do Pitiú » est un extrait de son deuxième album, Banzeiro, publié en 2017.

Gaby Amarantos est l’une des grandes figures de la musique du nord du Brésil. Elle a grandi dans les années 1980 dans la favela de Jurunas à Belém. Elle fait ses premiers pas en tant que chanteuse à l’église. Elle est d’abord leadeuse du groupe Banda Tecno Show, pionnier du genre musical tecnobrega, qui fusionne la brega traditionnelle (musique populaire et romantique), le carimbó et le calypso aux musiques pop et électroniques. En 2012, sa reprise de la chanson « Single Ladies » lui vaut le surnom de « Beyoncé du Pará » et lance sa carrière en solo. La chanson « Príncipe Negro » est extraite de son album Tecno Show, publié en 2022.

Pour les suivre sur Instagram : @donaonete @gabyamarantos

LES DIVAS DE BELÉM

À la fin des années soixante, sous l’influence du rock psychédélique venu d’Angleterre et des États-Unis d’Amérique, et des musiques tropicales caribéennes, les premiers groupes de cumbia amazonica comme Los Mirlos et Juaneco y su Combo apparaissent au Pérou. L’iconique groupe Sonido 2000, originaire de la ville de Tarapoto, située dans la région de San Martín, au bord du fleuve Shilcayo, se forme au milieu des années 1970. Mais c’est en 1987 qu’il publie Mensaje de Amor, un des disques majeurs de ce genre musical, et dont « Lamento chacarero » est un extrait.

Pour les suivre sur Instagram : @sonido2000oficial

UN GROUPE DE LÉGENDE DE LA CUMBIA AMAZONICA : SONIDO 2000

Les Shuars sont un peuple autochtone de la haute Amazonie, appartenant à un vaste groupe ethnolinguistique. Les premiers colons espagnols les avaient appelés « Jivaros » (ou « Xibaros »), un terme signifiant « sauvage » ou « barbare », aujourd’hui considéré comme insultant et rejeté par les Shuars. Leur territoire est scindé entre l’Équateur et le Pérou.

Originaire de la province de Morona-Santiago en Équateur, María Shacay est une chanteuse, artisane et activiste shuar : elle défend l’usage des graines amazoniennes dans la confection de costumes traditionnels et de bijoux, et utilise son art comme forme de résistance culturelle. Avec sa fille Nathaly Parish, créatrice de contenu reconnue, elle rend hommage à la forêt et aux migrants qui ont vendu leurs terres pour partir vers un autre pays dans la chanson « Nunka Surukaip », sortie en 2024.

Jorge “Kaasip” Mashumbra est un artiste équatorien dont la carrière dépasse aujourd’hui les 15 ans. Après avoir évolué en duo avec Wainchatei Uyunkar, il évolue désormais en solo sous le nom de Sangre Shuar (« sang shuar » en espagnol). En 2021, il a été reconnu comme l’artiste révélation de la musique traditionnelle par le gouvernement régional de la province de Morona-Santiago. Sa musique fusionne les références à la culture shuar et les rythmes de danse de cette région.

Pour les suivre sur Instagram : @shacaymaria @nathalypirish @sangre_shuar

MUSIQUES POPULAIRES SHUAR