Et si Astérix, le plus connu des irréductibles Gaulois - traduit en 111 langues, plus de 350 millions d’albums - était d’origine argentine ?
Vitrine Du 10 octobre au 10 décembre 2020
René Goscinny, le père d’Astérix, a vécu dans la capitale argentine de 1928 à 1945, époque où la bande dessinée Patoruzú connaissait un immense succès. Héros créé par Dante Quintero en 1928, Patoruzú est un amérindien Tehuelche à la force extraordinaire, mettant à terre les méchants à grands coups de poings. Il est accompagné d’un personnage obèse à la force prodigieuse comme le sera Obélix.
L’exposition « Astérix à Buenos Aires » de 2015 soulignera cette filiation. L’autre influence argentine est plus discrète. Les bandes bleues et blanches du pantalon d’Obélix sont certainement inspirées par les couleurs du club de football Racing Club de Avellaneda dont Goscinny était un fervent supporter.
Même si Goscinny n’a jamais admis explicitement faire référence à Paturuzú, la ressemblance est frappante.
Un autre héros du duo Goscinny et Uderzo, Oumpah-Pah le peau-rouge, plaide pour cette filiation. Shawnee et non plus Tehuelche, ce personnage lui aussi a une force herculéenne et adore manger, non pas des sangliers mais du pemmican, une recette typiquement amérindienne de viande séchée. Une première version de ses aventures sortira en 1951 à destination des États-Unis. La version française ne sortira dans le Journal de Tintin qu’en 1958, soit un an avant le petit gaulois à moustache dans Pilote. Oumpah-Pah ne connaîtra malheureusement pas le succès d’Astérix et la série s’arrêtera en 1961.
À New York, Goscinny a rencontré Harvey Kurtzman, le créateur de la revue MAD, autre source d’inspiration pour lui, notamment lorsqu’il co-fonde Pilote avec Albert Uderzo et Jean-Michel Charlier en 1959. Marcel Gotlib, arrivé en 1965 au journal aura une grande importance dans l’évolution de Pilote et lui apportera ce ton particulier, fait d’irrévérence et d’absurde, qui séduisait de plus en plus les lecteurs devenus adolescents.
Magazine d’humour, Pilote abrite en son centre un petit supplément plus sérieux de quatre pages, le Pilotorama, consacré à l’évocation des sociétés éloignées dans le temps ou dans l’espace. De nombreuses cultures du monde y seront décrites et illustrées. Entre 1966 et 1969, Jean Marcellin consacre plusieurs Pilotorama à l’évocation de cultures extra-européennes. Ses dessins s’appuient sur des recherches documentaires approfondies ainsi que sur ses visites assidues au musée de l’Homme.
Cette documentation lui permet de représenter populations et objets avec justesse et précision. En 2017, le musée du quai Branly – Jacques Chirac a fait l’acquisition de neuf planches originales de Jean Marcellin où sont représentés des objets des collections.