
RECHERCHES ARTISTIQUES SUR LES RESTES HUMAINS
Les restes humains collectés dans un contexte colonial et conservés dans les collections des musées d’anthropologie, sont aujourd’hui l’objet de discussions sur leur possible restitution. Ces débats sont pris dans une double temporalité, entre l’urgence du processus diplomatique de reconnaissance de la dette coloniale et la lenteur du processus juridique d’établissement de leur provenance et de leur propriété. Dans ce temps suspendu, les artistes se sont intéressés à la question et mènent des recherches qui, sans aboutir à une connaissance objective de la provenance, travaillent sur les failles, les manques, les ambivalences, en interrogeant ce qui peut ou non être montré de ces collections sensibles. Entre le 17e et le 19e siècle, les artistes jouent un rôle de premier plan dans la représentation et la diffusion des restes humains dans les ouvrages scientifiques et dans les musées. Ils produisent des dessins, des daguerréotypes, des photographies, des gravures de crânes mais aussi des moulages corporels. Entre 1841-1842, Louis-Auguste Bisson réalise le premier daguerréotype d’un crâne polynésien pillé dans des tombes lors de l’expédition de Dumont d’Urville dans l’océan Pacifique. Le moulage du corps de Saartjie Baartman de 1815, la « Vénus hottentote », est le premier artefact d’une large collection de moulages corporels reproduits en série et échangés entre les musées d’anthropologie du monde entier. Les artistes, qui au 20è siècle, ont surtout vu le pouvoir transgressif des restes humains, se concentrent aujourd’hui sur l’identité de l’individu derrière les crânes, ou sur une transfiguration poétique de ces ossements par l’image photographique. En partant de ces recherches artistiques dans des collections de musées européens prises dans la dynamique extractiviste du processus de colonisation, ce dossier décrit une nouvelle relation entre art et science dans la mise en valeur de collections situées entre la vie et la mort.
SOMMAIRE
Introduction : Recherches artistiques sur les restes humains. Crânes et moulages dans les collections coloniales muséales
Par Frédéric Keck et Lucia Piccioni
DOSSIER
Comment ne pas exposer un crâne : le projet Who is ID8470 ? Par Tal Adler
Ombre portée. Le sujet humain comme objet dans le moulage ethnographique de Bonangera Par Claire Brizon, Daniel Browning et Arnaud Morvan
Dessins humoristiques et science des races dans les carnets de l’historien Par Ricardo Roque
PORTFOLIO
Des morceaux de chair arrachés aux os de l’ennemi. Instruments pour musique fantôme
Par Mathieu Kleyebe Abonnenc
ENTRETIENS
Par-delà la restitution : le corps du « Syrien fanatique » et ses images. Avec le collectif syrien Abounaddara.
Par Frédéric Keck
À propos de « Sutures ». Avec Karim Kal.
Par Christine Barthe et Lucia Piccioni
Stratégies de réhumanisation. Avec Rosângela Rennó
Par Christine Barthe et Lucia Piccioni
Resubjectiver les photographies des restes humains. Avec Sammy Baloji
Par Christine Barthe et Frédéric Keck
Des animaux zoonotiques dans les grottes aux restes humains dans les cimetières. Avec Clara Jo
Par Frédéric Keck
L’universalité du dessin. Avec Delphine Zigoni
Par Lucia Piccioni
VARIA
Faire briller « le village ». Expériences esthétiques des amateurs et amatrices d’art africain au Burkina Faso.
Par Julie Cayla
Le dessin d’enfant à l’épreuve du réalisme : une étude des discours artistique et éducatif russes et soviétiques, 1901-1934
Par Cécile Pichon-Bonin
CHRONIQUES CINÉMA
En collaboration avec le festival du film ethnographique Jean Rouch
Le web-documentaire : pour une navigation ethnographique Par Maïté Boullosa-Joly et Raphaël Mazzei
Corées, déjouer les destins. Retour sur l’édition 2024 des « Regards comparés » (Festival international Jean Rouch – INALCO) Par Nathalie Luca
PARUTION : 30/06/25
ISBN : 9782357441583
Prix de vente 25€
248 pages
117 illustrations
24 x 30 cm
broché
TVA 5,5 %
Impression couleurs