Cette journée d’étude, organisée par David Dupuis et Els Lagrou dans le cadre de l’exposition "Visions chamaniques. Arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne", propose d’interroger, au-delà du lieu commun de la « représentation », les enjeux contemporains de la relation entre les images mentales visionnaires et les productions graphiques et iconographiques, notamment à partir du cas de l’ayahuasca, breuvage psychotrope traditionnellement utilisé par les populations autochtones d’Amazonie occidentale, dont l’usage s’est récemment mondialisé.
- en accès libre et gratuit, dans la limites des places disponibles
- traduction simultanée anglais / français
En désignant les substances telles que l'ayahuasca, l’iboga, les cactus San Pedro et peyotl ou les champignons psilocybes sous le terme d'« hallucinogènes », le regard médical les a historiquement qualifiées comme des sources de « perceptions irréelles » au potentiel pathogène. Aux antipodes de ce regard, qui domine au sein des sociétés européennes depuis le XIXe siècle, de nombreux collectifs placent les « hallucinogènes » au cœur de leur vie sociale. Au sein des populations autochtones des Amériques, l’usage de ces substances, soumis à des règles et des finalités socialement normées, fait bien souvent l’objet d’une véritable institutionnalisation. Qu’elles soient fumées ou consommées sous la forme de breuvage ou de poudre à priser, ces substances jouent alors un rôle non négligeable dans divers domaines : détermination de la position sociale par leur emploi lors des initiations chamaniques et guerrières, pratiques thérapeutiques, vie cérémonielle, relations avec les morts, les ancêtres, les esprits et les dieux. La consommation des « hallucinogènes » a alors notamment pour fonction de permettre la rencontre avec des êtres habituellement invisibles, dont la présence se manifeste de manière visuelle, mais aussi auditive, olfactive ou tactile.
Au sein de certains collectifs autochtones, les motifs graphiques utilisés pour peindre les corps et les artefacts sont associés à ces rencontres visionnaires avec des êtres non-humains. Depuis les trois dernières décennies, on observe par ailleurs, notamment dans le contexte de relations interethniques, le développement d’un art iconographique et figuratif d’inspiration visionnaire. Les « visions » induites par l’ingestion de l’ayahuasca (banisteriopsis caapi) sont ainsi fréquemment présentées par les peuples d’Amazonie occidentale qui en font usage comme une source d’inspiration majeure de leurs productions esthétiques, affirmation qui n’a eu de cesse d’interroger les anthropologues et les amateurs d'art et qui continue à susciter de vifs débats.
Cette journée d’étude abordera la relation entre images mentales visionnaires et productions iconographiques, depuis une perspective anthropologique ouverte au dialogue interdisciplinaire appuyée sur des études de cas ethnographiques issues de plusieurs échelles culturelles et géographiques : sociétés autochtones amazoniennes ; mondes métis des espaces urbains d’Amazonie ; espaces transnationaux du chamanisme globalisé.
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Image : © Pablo Amaringo, Cosmología amazónica, 1987
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Gratuit (dans la limite des places disponibles)
- Lieu : Salle de cinéma
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Dates :
Le mardi 23 janvier 2024 de 09:30 à 18:30 -
Accessibilité :
- Handicap moteur
- Public : Chercheur, étudiant, Tous publics
- Categorie : Colloques
- Dans le cadre de : Visions chamaniques